Vendredi, 01 Mars 2013 19:19

femen en tunisieQuelques médias ont diffusé «l’information» selon laquelle le groupe de féministes radicales Femen serait sur le point de s’installer en Tunisie. Les sites qui ont évoqué la question, citent un journal tunisien qui rapporte une news diffusée par France 24, selon laquelle Julia Javel, une membre des Femen, aurait déclaré que ce groupe compte s’installer en Tunisie.

Or la dernière information diffusée par France 24 au sujet des Femen date de plus de deux semaines, plus précisément du 13 février 2013. Et après vérification, on n’aura retrouvé aucune trace de ladite Julia Javel sur le site de France24. Et même selon Google, les termes «Julia Javel» ne sont mentionnés aucune fois sur le portail de la chaîne d’informations en continu. De quoi s’interroger sur la véracité des éléments rapportés.

Pour rappel, le dernier buzz de ce genre, à savoir l’histoire du couple emprisonné pour une histoire de baiser, s’est révélée n’être qu’une intox, pourtant abondamment répercutée par ces mêmes sites «d’informations»…

En Tunisie, la politique passe par Facebook
Femen en TunisieSeulement voilà : les réseaux sociaux font déjà état de la réponse de Mme Sihem Badi, la ministre de la Femme, qui s’est par ailleurs illustrée dans la dernière manifestation organisée pour «soutenir la légitimité du gouvernement». La voici de nouveau montée aux créneaux et déclarer refuser en bloc l’établissement de ce genre de groupe en Tunisie. La réactivité de nos ministres est unique au monde, puisqu’ils paraissent réagir au quart de tour à la moindre rumeur distillée par les réseaux sociaux. A croire qu’en Tunisie, gouverner passe par Facebook.

Et alors que la popularité du mouvement Ennahdha semble en perte de vitesse, cet événement grossi à bon escient par quelques commentaires savamment diffusés, pourrait contribuer à redonner du crédit aux revendications des mouvements d’inspiration religieuse. A cet égard, cette histoire (même fictive) sur la fondation d’un groupe Femen en Tunisie, pourrait avoir, toute proportion gardée, le même effet que la diffusion du film «Persepolis» avant les élections du 23 octobre.  

Ce film censé prévenir les dérives de la «Révolution Islamique» en Iran, a permis de mobiliser de larges franges de la société tunisienne excédées par ce qu’elles ont considéré comme étant des «atteintes délibérées aux valeurs religieuses et au sacré».

Et voici que l’on parle d’un groupe de femmes dont la principale méthode de «militantisme» est de s’afficher publiquement les seins nus. De quoi faire des gorges chaudes dans nos quartiers, qui, pour le coup, n’attendront pas que les salafistes battent le rappel des troupes pour réagir.

En clair, afficher des revendications par ces méthodes radicales, perçues par l’écrasante majorité de la population tunisienne comme étant «étrangères à nos coutumes», serait du pain béni pour les partis les plus traditionnalistes. De quoi renflouer l’électorat d’Ennahdha, et remonter à bloc ses troupes quelque peu démoralisées. Rien de tel qu’un adversaire aussi caricatural pour rassembler les rangs dispersés.

Les mouvements dits «modernistes» seront-ils assez subtils pour ne pas s’engouffrer dans la brèche ? Pourront-ils retenir leurs sympathisants et leur éviter de se livrer dans des polémiques stériles sur les réseaux sociaux ? Le cas échéant, les Femen et leurs sympathisantes en Tunisie, risquent sérieusement de faire du tort à la cause qu’elles prétendent défendre.

Soufia Ben Achour

Femen en Tunisie : Gare à l’effet Persépolis
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