Dimanche, 12 Mai 2013 14:56

couffin-ansar-chariaaAnsar Al Chariaâ, le mouvement phare des salafistes djihadistes dirigé par Abou Yadh fait de nouveau parler de lui. La chaîne franco-allemande Arte a diffusé, dans la soirée du samedi 11 mai, un documentaire intitulé «la tentation du djihad», qui s’est penché sur les activités du groupe radical, en Tunisie.

Et pour l’occasion, le reportage a réellement cédé la parole aux activistes religieux, que les autorités veulent aujourd'hui faire taire, sur fond de lutte anti-terroriste au Chaâmbi...

La caméra a filmé la distribution des couffins de la charité, et a suivi les «djihadistes» dans leurs pérégrinations aux confins de la Tunisie oubliée. La voix off a souligné que les activistes ont accepté d’être filmés, pour «améliorer leur image» auprès de la population. Le documentaire a été notamment dirigé par David Thomson, un journaliste qui connait bien la Tunisie, au point d’avoir reçu son «dû», en plomb, à coups de chevrotine dans le corps, lors des émeutes de Siliana, en novembre 2012. Un connaisseur, donc, que l’on aura du mal à accuser de déformer les réalités, ou de chercher à «gâcher notre saison touristique». Pour le coup, les images diffusées seront bien loin de la caricature. Cette fois-ci, les critiques émises à l’encontre d’un certain numéro d’Envoyé Spécial, ne passeront pas. L’émission aura même le mérite de susciter quelques interrogations, même si elle ne cherchera pas à y répondre.

revues luxueuses d'Ansar ChariaaComment les austères «djihadistes» qui font des quartiers défavorisés leur cible, financent-ils leurs activités ? Avec quel argent sont achetés ces couffins de vivres et de vêtements distribués dans les «zones d’ombre» de Tunisie ? Comment les campagnes de solidarité sont-elles financées ? Qui payera pour ces brochures imprimées en quadrichromie sur papier glacée, distribuées gratuitement aux passants ?

Dans leurs démonstrations de force, il n’est pas rare que les représentants des mouvements «salafistes djihadistes», et ceux d’Ansar Al Chariaâ en particulier, défilent dans de prestigieuses berlines allemandes, voire dans des Hummer. Des véhicules hors de prix, qui étaient l’apanage des proches du régime de Ben Ali, et en particulier les Trabelsi. Les voici chamarrés aux couleurs des drapeaux noirs de la Chariaâ. Peut-on raisonnablement croire que les éventuelles contributions de leurs supporters, principalement recrutés dans les milieux les plus démunis, permettent une telle richesse de moyens ? Il est permis d’en douter.

Les Hummer de la Chariaâ

 Le problème ? C’est que ces interrogations sont tout aussi valables dans le cas de partis politiques comme Ennahdha, qui a pu faire étalage d’une force de frappe sans équivalent lors de la campagne électorale du 23 octobre. Sans que le parti de Ghannouchi ne daigne dissiper complètement le brouillard dans lequel baigne ses ressources. Et Béji Caid Essebsi, qui se rend indifféremment à Paris, à Doha, ou à Gafsa en jet privé, n’a d’ailleurs pas trop insisté pour déterminer précisément l’origine des fonds Nahdhaouis, quand il occupait les fonctions de chef du gouvernement.

En clair, des fonds à l’origine incertaine continuent d’être injectés massivement  dans la vie politique tunisienne. Au final, la politique du couffin, risque de coûter très cher à la Tunisie.

Moez E.K

Tunisie : Qui payera les couffins d’Ansar Al Chariaâ ?
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