Jeudi, 19 Septembre 2013 17:20

charte-quebecoiseLes éclats provoqués au Canada par la «Charte des valeurs québécoises» sont parvenus jusqu’en Tunisie. Cette charte proposée par le Parti Québécois, et défendu par Pauline Marois, premier ministre du Québec, veut réglementer le port de signes religieux jugés ostentatoires, alimente la controverse.

Et c’est sans doute la première fois qu’une polémique sur un projet de loi canadien suscite des remous jusqu’à Tunis, à des milliers de kilomètres de l’épicentre montréalais.

C’est que le débat a été abondamment commenté, discuté, sur les réseaux sociaux, qui ont dument répercutés les préoccupations de la communauté tunisienne au Québec. Et cette communauté compte entre ses rangs des éléments particulièrement actifs sur les mégaphones planétaires que constituent  Facebook et autre Twitter.

houssein-ben-ameurAinsi, Houssein Ben Ameur,  l’une des figures phares du Net tunisien, ingénieur en informatique vivant depuis quatorze ans au Canada, se déclare «en colère».  Même s’il soulignera : «personnellement je ne suis pas directement touché». Il précisera : «en tant que laïc, je suis pour un balisage clair de ce qu'on accepte ou non dans la séparation de l'Etat et la religion. Je suis pour la primauté de l'égalité hommes-femmes dans la fonction publique, l’interdiction du voile intégral dans les organismes publics...  Mais je ne comprends pas pourquoi on veut interdire les signes religieux chez les fonctionnaires. Tout ce que ce débat va créer, c'est une grosse fissure au sein de la société.». 

ghassen-ben-khelifaPour Ghassen Ben Khelifa, militant de gauche installé au Canada depuis 2007, «cette charte promeut la neutralité de l’État vis-à-vis des religions et renforce le respect de l’égalité homme-femme. Mais l’interdiction du port des signes religieux ostentatoires au personnel de l’État  signifie de facto l’exclusion de la fonction publique des musulmanes portant le voile, des juifs portant la kippa, des Sikhs portant le turban etc. Ce projet risque donc de rendre plus difficile l’intégration des individus qui refuseront de délaisser ces signes qu’ils considèrent comme une partie intégrante de leur identité. Ce qui risque d’exacerber le sentiment d’injustice et les réactions de repli identitaire». 

Valérie Amiraux, professeur de sociologie à Montréal, ne prend pas de gants  pour affirmer, sur les colonnes du journal «Le Monde»: «Les propos racistes sont explicites. La manipulation politique à des fins électoralistes est outrancière». Pour elle, cette charte est «aberration historique pour le Québec qui s'est illustré comme un Etat dans lequel le vivre ensemble était possible».

Or en attendant, les positions se radicalisent, et la tension monte. Le 14 septembre, des milliers de personnes, dont de nombreux musulmans, ont défilé à Montréal pour manifester leur colère contre ce projet de loi.

Le Canada en général, et le Québec en particulier a longtemps fait figure d’Eldorado pour les Tunisiens les plus qualifiés. Cette polémique va-t-elle réussir à les dissuader dans un contexte fortement marqué par la résurgence des valeurs religieuses ?  Le Canada aurait-il changé? «Pas forcément» répond Ghassen. Pour lui, «le débat sur les signes religieux touche essentiellement, voire exclusivement, le Québec». Houssein, quant à lui, martèle : «de toute façon, cette loi ne passera pas».

Comme pour dissiper les derniers doutes sur la question, un autre Tunisien installé au Canada, Amin Kochlef, enfonce le clou sur Facebook: «Ce n'est pas le Québec qui vit ses heures les plus sombres, c'est plutôt le Parti Québécois  qui s'automutile et qui creuse sa propre tombe. La fin s'annonce proche, très proche». Le rêve canadien serait-il pour autant encore permis ?

O.C

Tunisiens du Canada contre charte québécoise
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