Samedi, 02 Juin 2012 18:26

jalelbrick-nadiafani«J’ai voulu composé avec vous et avec votre Islam, mais maintenant j’explose. Vive l’Amérique et vive Israël. J’en ai marre de votre Islam. Mais pour l’Histoire, je le dis, Carthage et Massinissa ne reconnaitront jamais avec Mohammed». C’est ce qu’a déclaré le très controversé Jalel Brick, dans une vidéo diffusée tard dans la nuit du 31 mai, dans le langage «fleuri» et avec les innombrables insultes qui sont sa marque de fabrique.

Sauf que cette fois-ci, les habituels supporters du trublion du web tunisien ont été surpris et choqués, par la dérive de Brick, et scandalisés par ses propos insultants à l’égard des symboles religieux sacrés de tous les Tunisiens.

Jalel Brick finira même par s’excuser dans une autre vidéo, se disant sous pression et atteint d’une profonde dépression. Mais le mal est fait, et la rupture avec son grand public, en voie d’être consommée. On aura cependant noté que cette énième provocation brickienne est apparue quelques jours à peine après l’annonce du voyage de la cinéaste Nadia El Fani à Tel Aviv, pour y participer à un forum, du 5 au 7 juin sur le thème «Démocratie et religion». Et là aussi, la réalisatrice a soulevé un tollé, même parmi ceux qui soutenaient jusqu’ici son droit à l’expression. Des cinéastes amateurs, des critiques culturels, lassés par ses foucades, ont fini par la descendre en flamme, jugeant contre-productives les initiatives de Mme El Fani. Le rapport avec Jalel Brick ? L’usage immodéré de la provocation délibérée.

jalel_brickCertes, les extrémistes de la laïcité n’ont jamais versé dans la violence salafiste. Mais en participant à la polarisation de la société tunisienne, ne versent-ils pas de l’huile sur le feu, alimentant les germes de la division, dans une société déjà trop fortement polarisée ? Si Jalel Brick peut-être perçu comme un marginal en mal de célébrités, son impact décuplé par les réseaux sociaux, en fait un personnage relativement influent. Et si le cinéma de Nadia El Fani, n’a jamais vraiment drainé les foules dans les salles obscures, il n’en reste pas moins que les polémiques qu’elle avive en marge du grand écran sont fortement médiatisées. En dernière analyse, Jalel Brick et Nadia El Fani n’apportent-ils pas du grain à moudre aux esprits les plus sclérosés ?

Seulement voilà. Visiblement, les Tunisiens, même les plus progressistes d’entre eux, ne tomberont plus dans les pièges de la polarisation artificielle. Ils auront retenu la leçon de «Ni Allah ni Maître», qui n'a finalement contribué, durant les élections du 23 octobre, qu'à servir sur un plateau d’argent les franges les plus conservatrices de la société tunisienne. Les pseudos intellectuels, les artistes en mal d’inspiration, apprendront ainsi que la Palestine, et l’Islam sont des lignes rouges défendues âprement par tous les Tunisiens, de l’extrême-gauche à la droite la plus radicale. Et la plupart des sympathisants de la gauche de notre pays auront démontré au passage qu’ils partagent réellement les mêmes valeurs que leur peuple, infligeant un cinglant démenti à ceux qui voudraient ne les voir que sous les traits forcés, de citoyens occidentalisés.

Lotfi Ben Cheikh

Tunisie : Jalel Brick, Nadia Fani, et les «esprits sclérosés»
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