Mardi, 07 Août 2012 18:30

salafiste-tunisieDeux groupes salafistes se sont affrontés à l’arme blanche et à coups de gaz lacrymogène à Ksar Bardo, dans la région de Béja. La bagarre s’est déclenchée lors de la rupture du jeune (Moghreb), en début de soirée du lundi 6 août, à la mosquée El Hidaya, qui a une fois de plus été le théâtre de bandes «religieuses» rivales.

Et en l’occurrence, l’agence Tap rapporte que les salafistes djihadistes s’en sont pris à d’autres salafistes, qui suivent l’exemple du cheikh saoudien Rabii Madkhali. L’agence Tap rapporte que les djihadistes ont accusé les madkhalistes d’hérésie, quand ceux-ci ont rompu le jeûne quelques minutes avant l’appel à la prière. Et c’est ainsi que la polémique religieuse a cédé la place aux arguments à la bagarre de rue. La Tap relève que «pris de panique, les fidèles ont rompu les Tarawih (prière quotidienne du soir exécuté pendant le mois de ramadan) et quitté la mosquée».

bejaA noter que les maîtres du cheikh Rabii Madkhali ont été les très rigoristes wahhabites El Albani et Ibn Baz. Donc a priori, ses disciples ne sont guère éloignés de la voie «ardue» des salafistes bon teint. Seulement voilà : Rabii Madkhali s’est également distingué par une critique virulente de Sayyid Qutb qu’il juge «ignorant en matière de théologie islamique». Or Qutb (exécuté par les autorités égyptiennes en 1966) reste l’une des figures phares des mouvements salafistes, et takfiris en particulier.

Le cheikh Madkhali s’était distingué durant les années 90, par ses prises de position en faveur du stationnement des troupes américaines en territoire saoudien, considéré jusqu’ici comme «sacré», ce qui était censé interdire son accès à des armées occidentales. Ce qui lui avait valu, à l’époque, la bienveillance du «Gardiens des Lieux Saints». Autant dire que les autorités saoudiennes, voire même l’Oncle Sam, lui étaient fortement reconnaissants.

A l’opposé, les salafistes djihadistes persistent à considérer l’intrusion américaine dans la région qui héberge les lieux les plus sacrés de l’Islam, comme un grave sacrilège. Et voici donc que le débat enflammé qui a opposé ces deux courants wahhabites, a été visiblement importé en Tunisie, dans les bagages de quelques prédicateurs venus prêcher la «bonne parole», selon les canons «religieux» du golfe.

Et paradoxalement, alors que les courants dits d’inspiration islamique dominent la scène politique, en Tunisie,  jamais les luttes entre fidèles n’ont parues si nombreuses. Avec pour principal enjeu, le contrôle des mosquées, et donc celui des esprits des croyants amenés à les fréquenter.

Moez El Kahlaoui

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Tunisie : La racine saoudienne d’une rixe salafiste à Béja
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