Vendredi, 26 Août 2011 16:25

big trap boyLe célébrissime Big Trap Boy, le blogueur impénitent qui tournait en dérision les turpitudes du régime (et des Tunisiens) sous l’ère Ben Ali, s’érige clairement contre ce qu’il considère comme une «atteinte à la vie privée». Il emploie les mots les plus durs pour dénoncer la divulgation au grand public de la correspondance intime de Cyrine Ben Ali dans les réseaux sociaux.

Il écrit ainsi sur le mur de sa page Facebook : «Publier les conversations de ces personnes en les accusant de trahison est honteux et révélateur de l'état pitoyable de nos médias et de cette société entièrement dépourvue d'éthique».
Parce que pour lui, comme pour quelques autres internautes, s’attaquer ainsi à la vie privée des citoyens revient à se placer au même niveau que les sbires de Zaba qui employaient justement les mêmes moyens pour casser les opposants. On regrettera au passage que Big Trap Boy, l’un des plus brillants blogueurs de Tunisie, n’ait plus publié d’articles sur son blog depuis le 18 mai dernier.

houssein ben ameurUn autre blogueur pas moins connu, à savoir Houssein Ben Ameur, fondateur de tn-blogs.com et activiste du Congrès Pour la République, tente de relativiser. Il balance ainsi sur twitter, «il n'y a pas de vie privée sur internet, c'est un mythe ! On n’est jamais assez prudent (..). Toutes les "célébrités" sont susceptibles d'être piratées. C’est aussi sa faute de ne pas sécuriser son compte». Excuserait-il pour autant cet acte ?  Pas vraiment. Il écrit clairement : «je ne justifie pas le piratage, mais je n'en fais pas un drame». Avant de lâcher, «personnellement je ne verserai pas une larme pour son compte FB» !

Mais au moment où la justice piétine, et où les Tunisiens s’interrogent sur les lenteurs des procès, et la fuite à l’étranger de représentants du régime de premier plan, de nombreux facebookeurs ont applaudi à tout rompre ce geste du pirate. On remarquera même, au vu des commentaires rageurs postés sur le mur (revisité) de Cyrine Ben Ali, que l’écrasante majorité des internautes tunisiens ont approuvé le geste du pirate, arguant du fait qu’il ne s’agit pas de n’importe quel compte.
La fille du dictateur déchu gérait des entreprises dans des secteurs stratégiques en Tunisie. Radio, opérateur télécom… Autant de sociétés qui continuent de fonctionner, même si  la direction à leur tête a changé. Ainsi, les fuites que distille le hacker de facebook soulèvent un pan du voile et démasquent ceux qui ont continué à collaborer avec la fille de Ben Ali.

Or visiblement, la justice a du mal à rassembler tous les éléments à charge contre le clan qui a gouverné la Tunisie pendant 23 ans. Et les Tunisiens continuent d’ignorer les dessous des affaires en cours. Et voilà qu’un hacker dévoile les réseaux d’amitiés, les relations que Cyrine Ben Ali entretenait et continue d’entretenir, avec des personnalités médiatiques, artistiques, économiques de tout premier plan. Reste à répondre à cette simple question : A-t-on moralement le droit d’utiliser les mêmes méthodes que celles de la police politique ? Ou doit-on (Révolution oblige), faire feu de tout bois ?

WBS

Big Trap Boy, Houssein, et le piratage de Cyrine Ben Ali
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