Dimanche, 21 Août 2011 23:34

Khaddafi est fini. A l’heure où nous écrivons ces lignes, les portraits du colonel sont foulés aux pieds au cœur même de Tripoli. Quelques mois à peine après qu’il ait lancé ses menaces à l’adresse de la Tunisie. Il avait fait part, dès l’aube de la Révolution Tunisienne, de ses regrets sur la chute de Ben Ali.

Pis : des concertations ont eu lieu avec Leila Trabelsi pour l’aider à semer la désolation dans la Tunisie libérée de la dictature de son mari. Khaddafi présentait donc clairement une sérieuse menace à l’égard de la Tunisie.
Et aucun pays au monde n’est autant concerné que le nôtre par la chute du tyran libyen. Pour des raisons frontalières évidentes. Mais aussi pour la stabilité à la fois politique et économique de notre pays. Plus de 92.000 Tunisiens travaillent et vivent en effet en Libye. Selon la Banque Africaine de Développement (BAD), les pertes tunisiennes liées à la Révolution du pays frère pourraient atteindre 886 millions de nos dinars, sachant que pour la seule année 2010, les exportations tunisiennes vers la Libye ont été estimées à 1050 millions de dinars. Les Libyens pèsent à eux seuls 18% des revenus de notre tourisme (chiffres de 2010). Autant dire que la rupture brutale des échanges a été vécue de notre part comme une véritable catastrophe nationale.

La Tunisie est donc directement concernée par les événements en Libye. Et malgré les avortements successifs des rêves d’unité, on pourrait même considérer, du côté tunisien, la Révolution libyenne comme une affaire intérieure. On regrettera donc d’autant que le gouvernement provisoire tunisien dirigé par Caid Essebsi n’ait pris la peine de reconnaitre le Conseil national transitoire libyen (CNT) comme «représentant légitime du peuple libyen» que dans la nuit du samedi 20 août. Soit à peine 24 heures avant l’entrée triomphale des forces de la Révolution à Tripoli.  Un peu tard pour des frères, engagés dans une même lutte, et dans un même destin assigné par l’histoire, et la géographie des deux Etats.

On rappellera cependant que l’on aura rarement assisté, dans l’Histoire de l’humanité à un soutien aussi important de la part d’un pays  au profit de la population d’un Etat voisin. Près d’un million de libyens se sont en effet réfugiés en Tunisie. Et leur écrasante majorité a élu domicile sous le toit des familles tunisiennes, qui a accueilli de bonne grâce nos frères de l’est.

A qui le tour, maintenant, alors que les flammes de la Révolution Arabe enflamment la Syrie ? A qui le tour alors que le Yémen n’en finit pas de vomir Abdallah Saleh et que le destin du proche-orient peut à tout moment basculer à Damas ? Plus près de nous, le régime algérien pourra-t-il continuer à se permettre de souffler le chaud et le froid, par médias interposés ? Surpris par la fuite de Ben Ali, le régime algérien sera-t-il définitivement dissuadé de tenter d’intervenir dans des pays fraichement libérés du joug dictatorial ? Une chose est sûre : le vent de l’histoire ne souffle pas dans la direction souhaitée par les autorités de nos voisins de l’ouest. Autant de raisons qui font de la Révolution Libyenne, une victoire historique pour la Tunisie.

Marwene El Gabsi

 

Révolution Libyenne : Une victoire historique pour la Tunisie
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