Mercredi, 27 Novembre 2013 11:16

Au-delà des questions idéologiques par définition discutables, les indices d’une véritable débandade économique se multiplient. Et les chiffres, fournis par les différents départements du gouvernement, offrent peu de prises à la rhétorique, et exposent l’étendue des risques encourus par la Tunisie.

A l’heure où les acteurs politiques ne s’accordent toujours pas sur le choix du prochain chef de gouvernement, la chute du dinar représente l’un des indices les plus spectaculaires de l’état actuel de l’économie tunisienne. Notre monnaie nationale a en effet atteint son plus bas niveau historique. Il faut aujourd’hui plus de 2,26 dinars pour acheter un euro et 1,68 pour un dollar. En à peine deux ans, la baisse a été vertigineuse, puisque le 9 mai 2011, l’euro valait encore 1,97 dinar, contre 1,37 pour un dollar.

Or si jusqu’ici nos autorités financières permettaient à notre monnaie nationale de «glisser» pour favoriser l’exportation, la nouvelle accélération de cette baisse est plutôt imputable à la perte de confiance des investisseurs étrangers.

Conséquence immédiate, le renchérissement des prix des produits importés, dont principalement les hydrocarbures. Ce qui affectera directement le pouvoir d’achat d’une population déjà malmenée par l’inflation, qui a atteint les 6,1% pour les dix premiers mois de 2013.

Dégringolade du phosphate
L’une des plus importantes ressources de la Tunisie, le phosphate, est également frappé de plein fouet. Ce secteur a enregistré des pertes de plus de mille millions de dinars (1 milliard de Dinars), entre 2011 et 2012. Et c’est M. Néjib Mrabet, le PDG de la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG) qui souligne que sa société n’a pu exploiter que 40% de ses capacités de production. Les tensions sociales persistantes, les grèves à répétition en sont les principales raisons.   Mais est-ce si surprenant dans une région où le taux de chômage des diplômés du supérieur culmine à 48% ? Ainsi, la production de ce minerai n’a pas dépassé les 230 mille tonnes au cours des deux premiers mois de 2013, contre 1,4 millions de tonnes pour la même période en 2010, soit une baisse de 83%.

Le problème ? Le phosphate, qui constitue l’une des principales sources de devises pour la Tunisie, représente 3% du PIB et assure environ 10% des exportations nationales tunisiennes. A titre de comparaison, le tourisme représente 6,5 % du PIB de notre pays.

Tourisme en berne

En apparence, le tourisme tunisien n’a pas autant souffert que le secteur minier. Ainsi, selon les derniers chiffres rendus publics par le ministère du Tourisme, les recettes de ce secteur ont même progressé de 2,1% du 1er janvier jusqu’au 31 octobre 2013, par rapport à cette même période en 2012. Ainsi a-t-on enregistré, pour les dix premiers mois de cette année 2013, une recette de 2798,1 millions de dinars (MD). Sauf que cette recette a encore régressé de -6,4% en comparaison du chiffre réalisé durant les mêmes mois en 2010. Et ce ne sont pas les attaques terroristes, largement médiatisées à l’international, qui contribueront à rendre la destination tunisienne plus attractive.

Banques publiques à risques

La Société Tunisienne de Banque (STB), la Banque Nationale Agricole (BNA) et la Banque de l’Habitat (BH) sont aujourd’hui confrontées à de graves difficultés, qui s’expliquent en partie par les prêts importants accordés au secteur du tourisme. Or comme on l’a vu, ce secteur est lui-même en crise. De plus, ces institutions payent aujourd’hui cash les stocks accumulés de créances douteuses accordées hier aux proches de la dictature. Ainsi, les trois banques publiques représentent environ 40% des actifs du secteur, mais elles affichent le plus fort taux de créances douteuses, soit environ 30% à mi-2013, contre 9% pour leurs homologues privées. Autant de raisons pour lesquelles les autorités tunisiennes envisagent une recapitalisation des banques publiques à hauteur de 1,1 milliard de dollars (soit un montant équivalent à 2,6% du PIB), au cours des deux prochaines années. Encore faut-il pouvoir mobiliser cette somme dans les délais, dans un contexte marqué par la dégradation de la Tunisie par les agences de notations financières. Le cas échéant, les risques auxquels nous exposent la situation de la STB, de la BNA, et de la BH, constituent une véritable bombe à retardement pour l’économie tunisienne.

L’huile d’olive à sec

L’huile d’olive est l’un des fleurons de notre agriculture, puisque la Tunisie en est le 4ème exportateur mondial. Mais manifestement, cette position risque d’être sérieusement remise en cause.

Selon les dernières prévisions du ministère de l'agriculture, la production de l'huile d'olive, baissera de 65%, au cours de la saison 2013/2014, par rapport à la saison 2012/2013, pour se situer entre 70 et 80 mille tonnes contre 220 mille tonnes, lors de la saison écoulée. Une baisse vertigineuse que les autorités ont notamment justifiée par le déficit pluviométrique. Or au vu de la complexité des difficultés dans lesquelles se débat la Tunisie actuelle, il ne suffit plus de pleuvoir pour gouverner. Mais il apparaît que c’est un autre dicton qui semble faire l’unanimité, tant au pouvoir, que dans les rangs de l’opposition : «après nous, le déluge».

Synth. Oualid C.

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Economie de Tunisie : Les chiffres clés de la débandade
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