Mardi, 10 Janvier 2012 00:01

presse-libreLa manifestation du lundi 9 janvier a plutôt ratissé large. Des journalistes mauves, des benalistes patentés, des hommes qui ont durant des années multiplié les déclarations de fidélité éternelle à l’égard de Ben Ali, se sont infiltrés sans vergogne parmi les journalistes  respectables, qui protestaient (réellement) contre les nominations d’autres… benalistes. Pour le moins paradoxal.

Cerise sur le gâteau (visiblement en bonne voie d’être partagé), on aura même remarqué quelque rédacteur ayant signé la pétition appelant Ben Ali à se présenter pour la énième fois aux élections. Une gageure dans une manif de protestation contre le couronnement des mauves. Pis : les plus avisés auront même remarqué la présence d'un représentant de l’Agence Tunisienne des Communications Extérieures (ATCE) dans des capitales européennes. Sans même parler des demi-sels qui naviguent dans les eaux troubles de la mare tunisienne des canards boiteux. Les mauves pensaient se faire discrets, et se fondre dans la masse des protestataires, pour se refaire une virginité politico-médiatique sur le dos de leurs collègues.

tbenndirLes motifs de la manifestation sont pourtant clairement légitimes et sans équivoque. Dans un Etat démocratique, la liberté d’expression ne doit pas être sujette à caution, encore moins l’enjeu des rapports d’influences que tentent d’exercer les partis dominants. Or si les dépassements du gouvernement Jebali sont clairement inacceptables, il est tout aussi inacceptable que les mauves profitent de l’occasion et de quelques moments d’inattention pour se replacer dans la course.

Voici qu’on évoque la possibilité d’élections dans les rédactions, pour élire les responsables à la tête de nos principaux médias. Le problème ? Même parmi les journalistes de base, figurent encore un bon nombre de miliciens. De ces professionnels de la délation, de l’intox, et de la désinformation, qui servaient de mouchards au régime de Ben Ali. Et si de telles élections finissent par avoir réellement lieu, combien d’ex-rcédistes patentés risquent de sortir, comme par miracle, des urnes ?

lotfi-hajjiLors du 2ème congrès du Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) qui a eu lieu le 4 et juin 2011, les journalistes mauves n’ont d’ailleurs été défaits que par un sursaut in extremis dû aux représentants les plus respectés de la profession. On se rappellera l’épique intervention de Lotfi Haji, qui s’est égosillé pour galvaniser le moral des troupes, et faire barrage aux velléités de retour des benalistes. Or à ce jour, les archives de l’ATCE sont toujours inaccessibles pour le journaliste lambda, sans même parler de celles de la police politique.

Le 17 septembre 2011, le SNJT a officiellement évoqué l’établissement d’une liste noire, classant les journalistes ayant collaboré activement dans les activités propagandistes du régime de Ben Ali, et profité contre sonnantes et trébuchantes du système. Or la publication d’une telle liste devient d’autant plus urgente, avec la récente nomination controversée mais avortée de nouveaux responsables à la tête des médias publics. Et si les noms des brebis galeuses de la profession ne sont pas dévoilés, d’autres «erreurs» restent possibles. Alors que l’on fêtera dans quelques jours le premier anniversaire de la Révolution, les «monndassines» sont encore parmi nous. Et les Tunisiens risquent de ne pas être arrivés au bout de leurs surprises.

Marwene El Gabsi

Crédit photo: Monji Aouinet

Liste noire des mauves de la manif des journalistes
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