Lundi, 30 Janvier 2012 11:24

lemaghrebLe Maghreb se distingue de la masse des journaux tunisiens par sa maquette plutôt bien élaborée, et par son souci de soigner sa «une», qui tranche avec la cacophonie des autres titres, sur les étals des kiosques. Et voici que sa couverture échauffe de nouveau les esprits. Photoshop sur le banc des accusés.

Selon de nombreux internautes tunisiens, la photo de la «une» du quotidien arabophone «Le Maghreb», dans son édition du dimanche 29 janvier, a été retouchée, pour rendre la manifestation du 28 janvier encore plus imposante au regard du lecteur. Seulement voilà : les effets de Photoshop ont été découverts, puis raillés, et abondamment commentés.

Des groupes d’individus ont été recadrés sur la photographie, pour être copiés et collés, histoire de donner des apparences «révolutionnaires» à l’emblématique avenue Habib Bourguiba qui apparait ainsi tout simplement noire de monde.

La manifestation du samedi 28 janvier a été, de l’avis de la plupart des observateurs, un succès. Selon les versions, entre 7000 et 10000 citoyens tunisiens ont défilé, de l’avenue Mohamed V à l’artère Habib Bourguiba. Une grande affluence, donc, qui n’avait vraiment pas besoin d’un coup de pouce  de la part d’un infographiste. Pis : même les défenseurs de la gauche, les membres du camp moderniste s’en sont pris à leur journal préféré, n’acceptant pas que la réussite de la manifestation soit déconsidérée à cause d’une malheureuse retouche à l’aide d’un logiciel de graphisme.

Ce genre de procédé est habituel sur les réseaux sociaux. Les Tunisiens des deux camps, conservateurs ou modernistes, ne se privent pas de décrédibiliser leurs adversaires, à coups de photomontages plus ou moins réussis, quitte à tordre le cou à une réalité plus complexe. Ainsi, avant les élections du 23 octobre, était apparue une photo mettant en scène le très médiatique Samir Dilou, dans un bar. Le même procédé est, jusqu’à aujourd’hui, abondamment utilisé par les supporters du camp islamisant sur les réseaux sociaux. Or en l’occurrence, nous avons affaire, dans le cas d’espèce, à un journal, théoriquement au dessus de ce type d’agissements, et non à des facebookeurs amateurs.

Le journalisme peut être clairement engagé. La presse d’opinion, est un signe de vitalité d’un secteur trop longtemps acculé au silence. Si, dans ces cas, la fameuse neutralité journalistique n’est pas nécessairement respectée, il n’en reste pas moins que la prise de position est légitime, à condition, toutefois, de respecter certaines règles. Le problème, c’est que l’information cède de plus en plus le pas à la persuasion, voire, dans certains cas, à la manipulation.

En somme, il apparait donc que le maquillage des réalités dessert celui qui prétend réajuster, selon ses besoins, les faits. Ceux qui ont ressorti une vidéo des archives du ministère de l’Intérieur pour porter préjudice à Ali Laaridh en savent quelque chose. Gare à l’effet boomerang.

Lotfi Ben Cheikh

Le Maghreb: Le boomerang Photoshop
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