Vendredi, 12 Avril 2013 07:26

livres-piratesAlors que la polémique sur le livre du président de la République Moncef Marzouki n’est pas près de retomber, voici que des petits malins ont d’ores et déjà mis en ligne une partie de cet ouvrage, sobrement intitulé «L’invention d’une démocratie, les leçons de l’expérience tunisienne».

A noter qu’en juin dernier, c’était «Ma vérité», le bouquin de Leila Ben Ali qui a ainsi été diffusé en version pdf sur le Net, ce qui permettait aux Tunisiens de le lire, sans verser un millime à la régente de Carthage.

Et au-delà de ces ouvrages politiques l’offre des livres pirates en français à télécharger sur le Net est désormais pléthorique. Des ouvrages scientifiques, des manuels d’informatiques, des romans, des bandes-dessinées, des livres de recettes de cuisine, sont désormais à portée d’un simple clic sur le Net. Des sites comme Team AlexandriZ, spécialisé dans le roman, ou des forums tels ebooks-gratuit proposent en effet des milliers de titres, à télécharger en à peine une minute, et en toute gratuité.

ebook tunisieLe poids ultraléger des bouquins numérisés risque encore de faciliter les choses. Puisqu’un bouquin numérique comptant des centaines de pages ne pèsera qu’à peine un ou deux Mo, contre 700 Mo au minimum pour un film. Et vu le succès de la tablette tactile en Tunisie, on peut imaginer (il n’est pas interdit d’espérer), qu’elle pourrait servir à autre chose que surfer sur Facebook. Nos concitoyens, grands fervents de DVD piratés vont-ils pour autant se ruer sur le livre numérique ? Difficile à croire, dans la mesure où l’engouement de nos concitoyens pour les blockbusters du cinéma n’égale en rien leur goût (très modéré) pour la lecture.

Selon une étude sur la lecture menée en marge de la Foire internationale du livre qui a eu lieu 2010 à Tunis, 22.75% des Tunisiens n’ont jamais lu de livres durant toute leur vie, et 44% des lecteurs de notre pays ne dépensent pas plus de 30 dinars par an pour acquérir des livres. Et selon cette enquête, 68% de nos concitoyens n’ont lu aucun livre durant toute l’année écoulée. On apprendra également que ce n’est pas par manque d’argent que les Tunisiens ne lisent pas. 52,7% indiquent ainsi ne pas  lire faute de temps, 20,7% affirment ne pas être habitués à la lecture, 18% clament carrément ne pas vouloir lire, et 11% précisent qu’ils préfèrent passer leur temps à autre chose.

Autant dire, donc, que la disponibilité de livres même gratuits (car piratés), ne risquent a priori pas de transformer le Tunisien moyen en un fervent adepte de la lecture. Toutefois, les quelques amateurs qui persistent envers et contre tous à se rendre dans les librairies pourraient désormais être aiguillés sur une voie moins coûteuse. Et pour cause.

Le prix des livres français récents, (et donc pas encore édités en collections de poche), dépasse souvent la cinquantaine de dinars. Ce qui est souvent plutôt prohibitif pour les maigres moyens des amateurs tunisien de littérature francophone. Des tarifs qui mettent ces ouvrages hors de portée des étudiants et autres intellectuels souvent désargentés dans nos contrées. L’offre numérique est donc d’autant plus appréciable, qu’elle est gratuite, en version pirate. Et même si certains de nos concitoyens pourraient préférer payer l’éditeur, le transfert de devises reste encore impossible pour les Tunisiens, à moins qu’ils ne disposent d’un compte bancaire à l’étranger. Le calcul est donc vite fait. Reste à savoir si les quelques librairies dignes de ce nom et encore ouvertes, dans notre pays, apprécieront.

Soufia Ben Achour

Après les films, les Tunisiens piratent les livres
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