Lundi, 03 Septembre 2012 18:35

nadia-jelassiNadia Jelassi et Mohamed Ben Slama, dont les œuvres ont été exposés à la Abdellia à La Marsa en juin 2012, pourraient écoper d’une peine allant jusqu’à cinq ans de prison s’ils étaient reconnus coupables. Voici que Human Rights Watch appelle à l’abandon de toute poursuite judiciaire à leur encontre. Selon l’ONG international de défense des droits de l’Homme, «les procureurs tunisiens devraient abandonner les accusations contre deux sculpteurs pour des œuvres d’art jugées dangereuses pour l’ordre public et les bonnes mœurs».

Soulignant que «Les poursuites pénales contre des artistes pour des œuvres d’art qui n’incitent ni à la violence ni à la discrimination violent le droit à la liberté d’expression».

 « À maintes reprises, les procureurs se sont servis de la législation pénale pour étouffer l’expression critique ou artistique », a déclaré Eric Goldstein, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Des blogueurs, des journalistes et à présent des artistes sont poursuivis pour avoir exercé leur droit de s’exprimer librement ».

nadia-jelassiLa contribution de Jelassi à l’exposition « Printemps des arts » était une œuvre intitulée «Celui qui n’a pas…», mettant en scène des sculptures de femmes voilées émergeant d’un amas de pierres. La contribution de Ben Slama représentait une file de fourmis sortant d’un cartable d’écolier et formant le mot « Subhan Allah ».

Le juge d’instruction du tribunal de première instance de Tunis a informé les deux artistes, en août, qu’ils étaient poursuivis en vertu de l’article 121.3 du code pénal.

Nadia Jelassi a déclaré à Human Rights Watch qu’elle avait reçu un coup de téléphone de la police judiciaire quelques jours après les incidents, l’informant qu’une enquête avait été ouverte sur les événements « d’Al Abdelliya ». Le 17 août, elle s’est rendue au tribunal de première instance de Tunis, à leur demande, et le juge d’instruction du deuxième bureau l’a informée qu’elle était accusée de « nuire à l’ordre public et aux bonnes mœurs » selon l’article 121.3 du code pénal. Le 28 août, le juge d’instruction l’a interrogée.

«J’avais l’impression d’être au temps de l’Inquisition », a-t-elle déclaré à Human Rights Watch. « Le juge d’instruction m’a demandé quelles étaient les intentions derrière mes œuvres visibles à l’exposition, et si j’avais voulu provoquer les gens à travers ce travail ».

Human Rights Watch rappelle que «Le comité des droits de l’homme des Nations Unies a proclamé que les lois interdisant les discours jugés irrespectueux envers une religion ou un autre système de croyances étaient incompatibles avec le droit international, en dehors des circonstances très limitées où la haine religieuse revient à inciter à la violence ou à la discrimination».

Human Rights Watch souligne que “L’affaire est au moins la quatrième dans laquelle les procureurs se sont servis de l’article 121.3 du code pénal pour émettre des accusations pour des discours jugés contraires aux bonnes mœurs et à l’ordre public, depuis la constitution de la nouvelle Assemblée nationale constituante du pays, en novembre 2011. Le 28 mars, le tribunal de première instance de Mahdia a condamné deux internautes à des peines de prison de sept ans et demi pour avoir publié des écrits perçus comme insultants envers l’islam».

« De nombreux Tunisiens s’attendaient à ce que des lois répressives comme l’article 121.3 ne survivent pas longtemps au dictateur qui les a fait adopter », a conclu Goldstein. « Nous observons à présent que tant que le gouvernement provisoire ne se fixe pas comme priorité de se débarrasser de telles lois, la tentation est irrésistible de les utiliser pour réduire au silence ceux qui sont en désaccord ou qui pensent différemment ».

Selon Communiqué

Human Rights Watch soutient Nadia Jelassi et Mohamed Ben Slama
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