Jeudi, 26 Septembre 2013 16:05

klaybbjKlay BBJ a été condamné à six mois de prison ferme. La liste des artistes emprisonnés n'en finit pas de s'allonger. A croire que dans la Tunisie d’aujourd’hui, quand le pouvoir entend le mot culture, à défaut de revolver automatique, il dégaine des procès à répétition. De quoi monter des festivals en prison.

******

Klay BBJ a été condamné à six mois de prison ferme pour «outrage à un fonctionnaire dans l'exercice de ses fonctions et atteinte aux bonnes mœurs». Il a été transféré à la prison civile de Mornag, ce jeudi 26 septembre, suite au verdict prononcé par le juge Belgacem Chaïeb, au tribunal cantonal de Hammamet.

Klay BBJ, de son vrai nom Ahmed Ben Ahmed, avait fait opposition au verdict prononcé à son encontre par contumace le 29 août 2013 le condamnant, lui et son compère Weld El 15, à une peine de un an et neuf mois de prison. «Un an pour outrage à un fonctionnaire public dans l'exercice de ses fonctions,  6 mois pour calomnie et 3 mois pou atteinte aux bonnes mœurs» précise son avocat Ghazi Mrabet. La peine a finalement été commuée à 6 mois de prison, pour une chanson, entonnée dans le cadre du festival international de Hammamet, le 22 août 2013. Le comité de la défense a indiqué aujourd'hui qu'il allait faire appel à cette décision.

Quant à Weld El 15, il est aujourd’hui en cavale. Il avait déjà été condamné pour des faits similaires à deux ans de prison, peine réduite à six mois avec sursis en appel en juillet. C’est dire qu’une chanson peut mener loin en Tunisie.

«Il s’agit d’un procès politique. Il est scandaleux d’emprisonner un artiste pour ses chansons. C'est un pas supplémentaire vers une nouvelle dictature en Tunisie» affirme Thameur Mekki, président du comité de soutien des rappeurs dans la ligne de mire de la justice.

Ce qui n’empêchera pas les chansons de Klay BBJ de circuler et d’exploser les lignes rouges. Le 8 février dernier, il a déjà dû se rendre direction générale de la Garde nationale à l'Aouina, suite à une plainte déposée par le Syndicat des Agents de la Douane. Et c’était un clip-vidéo mettant en scène, dans deux plans, un homme en uniforme malmené par Klay BBJ et un figurant qui a déplu aux autorités.

Or le rappeur n'épargne ni Ennahdha, ni ses acolytes présidentiels et gouvernementaux, ni même l’opposition soupçonnée de concussion. Le gouvernement a semé la discorde scande-t-il. «De la droite à la gauche en passant par le centre, personne ne me représente» clame-t-il dans ce morceau intitulé «Choghl, horria, karama watanya» (travail, liberté, dignité nationale).

Sauf qu’entretemps, la liberté paraît prendre des allures de rêve à peine caressée. Et l’étau n’en finit pas de se resserrer sur la dignité des artistes, enfermés derrière les barreaux. La liste s’allonge.

Nejib Abidi, cinéaste et fondateur de Radio Chaabi, le réalisateur Abdallah Yahia, l’ingénieur du son Yahia Dridi et Slim Abida le compositeur et bassiste du groupe Jazz Oil ont été arrêtés à 4 heures du matin, le samedi 21 septembre, suite à une perquisition policière à domicile. Le cinéaste Nasreddine a, quant à lui, été enfermé un mois en préventive, pour un œuf visant le ministre de la Culture.

«A ce rythme, avec tous ces artistes en taule, il y a de quoi monter un festival en prison» avait balancé Amina Sboui, dans un éclat de rire rageur, de son exil parisien. A croire que dans la Tunisie d’aujourd’hui, quand le pouvoir entend le mot culture, à défaut de revolver automatique, il dégaine des procès à répétition. Et encore une fois, c’est un artiste qui est directement visé.

Soufia Ben Achour

Tunisie : Festival de rap et de cinéma en prison ?
Bannière
Bannière

Annonces

Suivez-nous !

MagZik

Top 5 de la semaine

    Vos amis apprécient...

    You are here: