Dimanche, 28 Décembre 2014 15:57

Après avoir été qualifié de «héros de la liberté d’expression», Kafon est désormais traité de tous les noms. Et c’est son ami, Hamzaoui Med Amine, avec lequel il a chanté «Houmani» qui se montre le plus virulent. Les critiques les plus dures, voire même des insultes sont adressées à son partenaire.

Paradoxal. Quand on sait que plus de 15 millions d’internautes auront visionné la vidéo de la chanson, en comptant le seul compte officiel sur YouTube qu’a choisi le duo pour diffuser, en septembre 2013, leur morceau. Un record absolu pour une chanson tunisienne. Dans un premier temps ignorée par les médias de masse, «Houmani» frayera son chemin via les réseaux sociaux, jusqu’à devenir un véritable phénomène de société que même les apprentis sorciers du marketing politique ne pouvaient désormais plus ignorer.

Durant les législatives, Kafon sillonnera la Tunisie pour des concerts de promotion de l’Union Patriotique Libre, la formation politique dirigée par le milliardaire, Slim Riahi. Le 19 décembre, à la clôture de la campagne du deuxième tour de la présidentielle, le musicien prendra le micro des mains de Caid Essebsi, en pleine avenue Habib Bourguiba pour pousser sa chansonnette. Seulement voilà : Kafon est désormais accusé d’avoir monnayé son aura et sa chanson, auprès des politiciens durant la campagne électorale. Le temps où le «zawwali» était porté en triomphe sur les épaules de ses fans à sa sortie de prison paraît bien loin.

Les temps ont changé. L’artiste qui se voulait underground s’affiche aujourd’hui  avec des stars de la variété on ne peut plus mainstream comme Manel Amara, l’experte en «boukhoukhou».

L’image du rappeur contestataire paraît donc sérieusement malmenée par des détracteurs qui n’ont pas digéré les nouvelles orientations de l’artiste. Ses défenseurs rétorqueront que les clics sur YouTube et les partages même massifs sur Facebook ne rapportent pas un millime à l’artiste. Or aussi célèbre soit-il, Kafon, comme n’importe quel citoyen tunisien, a besoin de faire bouillir sa marmite. Dans un contexte difficile, où les producteurs sont aussi rares que les véritables opportunités artistiques ou commerciales. Pourquoi donc devrait-il être condamné à demeurer éternellement auprès de la fameuse «zebla fi poubella»?

Faudrait-il donc considérer la vague d’attaques le visant comme une simple rançon du succès ? Encore faut-il espérer que la réussite en question soit durable. Dans le milieu de la culture alternative, les réputations sont d'abord bâties sur l’engament de l’artiste, son degré de contestation, et sa rébellion. En rentrant dans le rang, et en acceptant sciemment une certaine instrumentalisation, Kafon risque de se brûler ses ailes, avant même d’avoir véritablement décollé.

Soufia Ben Achour

Après Houmani, Kafon brûlé par Riahi et Essebsi?
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