Mardi, 16 Avril 2013 15:46

qatar-tunisieLes déclarations que certains ont cru dénicher sur Facebook, et attribuées à Cheikha Mozza sont fausses. L’ambassade du Qatar en Tunisie affirme, dans un communiqué diffusé ce mardi 16 avril, que la page qui a diffusé des propos portant atteinte aux Tunisiens n’est en aucun cas celle de l’épouse de l’Emir, et n’a aucun lien avec aucune institution officielle qatarie.

Ce sont pourtant ces déclarations, faussement attribuées à Cheikha Mozza, dénonçant «l’ingratitude du peuple tunisien» qui ont mis le feu aux poudres, et favorisé l’escalade. Puisque certaines personnalités tunisiennes ont cru bon de répondre à cette provocation montée de toutes pièces. A noter que cette page Facebook prétendument officielle ne comptait initialement que quelques centaines de fans, ce qui semblait indiquer qu’elle n’a été créée que récemment, dans l’optique d’une telle manipulation.    

A ce stade, il ne manquerait plus que des pseudos journaux créent de toutes pièces des pages Facebook dans l’optique de les utiliser comme base d’articles d’intox et de désinformation avec pour objectif de créer le buzz, pour se faire mousser sur le Net. Avec le risque de faire payer les conséquences d’une telle irresponsabilité à tout un pays.

Et voici que Doha annonce officiellement dans un communiqué : «condamner ces campagnes qui nuisent aux deux peuples qatari et tunisien et qui visent à détourner l’opinion publique vers des questions marginales, dans le but de causer du tort aux relations entre les deux peuples frères».

L'Etat du Qatar profite de l’occasion pour réitérer son «soutien total et inconditionnel au peuple tunisien dans le but de réussir la transitoire de la révolution tunisienne et d’établir un partenariat fraternel conformément aux intérêts communs des deux pays». La polémique est-elle pour autant totalement injustifiée ?

Le Qatar présent en Chine et au Japon
Le Qatar investit dans des pays comme la France, l’Angleterre, l’Egypte, ou même l’Algérie, et a passé des accords stratégiques avec des puissances internationales de la stature de la Chine, de l’Inde, et du Japon. Et s’il arrive à l’Emirat gazier de susciter quelques inquiétudes comme à Paris, c’est en Tunisie qu’il est le plus confronté à un sentiment de rejet médiatiquement suralimenté. Et les sorties pour le moins maladroites du président de la République auront plus contribué à jeter de l’huile sur le feu qu’à apaiser les esprits.

jebali au qatar

Et ce ne sont pas les photos de Hamadi Jebali, l’ancien chef du gouvernement, arborant l’écharpe aux couleurs qataries, et encore moins les cérémonies organisées en Tunisie pour vanter la «charité» de l’Emirat gazier  qui contribueront à détendre l’atmosphère.

On se souviendra pourtant que du côté de l’opposition, une personnalité comme Béji Caid Essebsi préfère garder le silence à ce sujet. Et pour cause : lors de la discussion que ce dernier a entretenue avec Hamadi Jebali, en marge de la cérémonie de la passation des pouvoirs, les Tunisiens auront appris (grâce à la fuite d’un enregistrement audio), que les deux hommes partagent (à peu de choses près) les mêmes opinions vis-à-vis du Golfe Arabe en général, et du Qatar en particulier.

En clair : c’est plutôt le soutien que cet Emirat est censé accorder à Ennahdha qui est en cause, et qui suscite une telle houle médiatique, avec en filigrane des soupçons d’ingérence. Et le fait que le Qatar ait ouvert les bras à Sakher El Materi n’a pas amélioré son image en Tunisie.

khalifa-sarkozyLes accusations ont même une portée particulière, dans un contexte marqué par le conflit au Mali, et en Syrie. Or les mêmes réserves sont émises par certaines personnalités, en France, où le Cheikh Hamed Khalifa Al Thani a entretenu des rapports privilégiés avec l’ex-président Nicolas Sarkozy, avant de faire face aujourd’hui à plus de retenue du côté de François Hollande. Ce qui n’empêche pas le business de continuer, et les échanges entre Doha et Paris de prospérer, puisqu’un Etat n’a pas d’amis mais avant tout des intérêts.

Dans ces conditions, la Tunisie peut-elle se permettre, particulièrement en cette période de transition, de rejeter les investisseurs qataris, alors que des puissances européennes leur réservent le meilleur accueil ? Et au final, pourquoi reprocher à Doha, l’à-plat-ventrisme et l’improvisation de certains de nos propres dirigeants ?

Oualid Chine

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