Mercredi, 06 Novembre 2013 19:30

Même à 88 ans, «Ahmed Mestiri est en forme. Il fait tous les jours du sport». Et c’est Rached Ghannouchi qui se veut rassurant en le disant, du haut de ses 72 ans. Mais les supporters de Béji Caid Essebsi, un jeunot de 87 ans, n’en démordent pas : Mestiri est vraiment trop vieux.

Pourtant, avec son expérience, c’est le candidat idéal soutient Mustapha Ben Jaafar, qui frappe encore allègrement du marteau à l’Assemblée Constituante, malgré ses 73 ans. Et Ahmed  Néjib Chebbi (69 ans), ne tarit pas d’éloges sur l’historique du militant parent, pendant que Marzouki se réfugie dans son silence présidentiel, à 68 ans. Last but not least, le gouverneur de la Banque Centrale à 80 ans, multiplie pendant ce temps les avertissements, que nos dirigeants n’entendent pas nécessairement. C’est qu’on devient dur de la feuille avec l’âge.

 Comble du paradoxe, la gérontocratie violera publiquement les aspirations d’une population dont la jeunesse est la principale qualité. Alors que les plus de 60 ans, ne  représentent, selon le recensement de 2004, que 9,3% des citoyens. Or même sur le Vieux Continent, dans une Europe qui croule pourtant sous le poids de ses vieillards, les présidents élus ont souvent moins de 60 ans et toutes leurs dents. Ainsi, François Hollande a plus d’une décennie au compteur de moins que Moncef Marzouki, qui s’est plu à le tutoyer publiquement à Paris, le mardi 5 novembre. Encore un privilège de l’âge ?

 Au-delà de l’exemple français, on rappellera (pour la énième fois, voir notre article «Jebali ou l’échec de la gérontocratie»), qu’Angela Merkel est devenue chancelière d’Allemagne en 2005, a tout juste 51 ans. Sans parler de Barack Obama, élu en 2008 président de la première puissance mondiale, à 47 ans. A cet aune, en Tunisie, aucun politicard ne représente réellement la majorité.  

Nous voici donc replongés dans de vermoulus débats de sociétés datant des années 70, que l’on avait cru pourtant zapper, depuis le temps. Comme si cette génération de vieux de la vieille, laminée par la présidence à vie de Bourguiba, puis roulée dans la farine par Ben Ali, pouvait aujourd’hui prétendre prendre sa revanche, quitte à se payer sur la bête.

Ghannouchi, qui déversait son venin sur les jeunes qu’il considérait comme des incapables aura beau jeu de cueillir les fruits de leur Révolution, que ni lui, ni ses actuels adversaires «modernisants» n’auront su mener. Et voici donc qu’une coalition de vieillards entend vampiriser les énergies de tout un pays, espérant sans doute trouver une deuxième jeunesse dans l’exercice du pouvoir. Un viagra intemporel qui leur a si longtemps échappé, mais qu’ils comptent bien garder, dans une Tunisie au bord de la crise cardiaque.

O. C

Les vieux vampirisent la Tunisie
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