Mardi, 24 Février 2015 12:14

«D’autres Trabelsi ont pris le relais. Et ils sont désormais partout. Dans le monde des affaires, comme dans l’administration». Des mots prononcés par Seif Trabelsi, lors d’une émission diffusée dans la soirée du dimanche 22 février sur El Hiwar Ettounssi.

Des propos qui ont une résonnance particulière, quatre ans après le déclenchement de la Révolution. Car si les Trabelsi ont été balayés par les événements, les associés du clan, eux, paraissent aujourd’hui libres de leurs mouvements, et plus puissants qu’ils ne l’ont jamais été, lors de la dictature. Le fait que la sulfureuse interview soit diffusée par une chaîne à l’origine fondée en association avec le capo de la famille, le fameux Belhassen du même nom, contribuera à accentuer le malaise. Dans un contexte où le paysage audiovisuel subit la domination quasi sans partage des chaînes radio et télévisées créées par le même cercle toujours fermé. Ainsi, les principaux médias d’avant la Révolution sont les mêmes qui œuvrent après le 14 janvier, propageant la bonne parole des mêmes dominants.

Les propos tenus par Seif Trabelsi sont d’autant plus graves que le phénomène qu’il décrit n’est pas circonscrit à la sphère médiatique. Les principaux acteurs économiques du pays continuant de tirer les mêmes grosses ficelles. Ainsi, malgré les soupçons, et les accusations, aucun audit ne dénouera l’écheveau du secteur des hydrocarbures. La situation des banques n’est guère plus reluisante. Ce sont les citoyens qui devront payer les colossales créances irrécouvrables que la BH, la STB, et la BNA auront accumulées pour financer les affaires des proches du régime théoriquement déchu. L’Etat ne pouvant se permettre d’ébranler 40% de l'économie tunisienne dont le sort dépend de ces trois banques publiques. En parallèle, le commerce prospère dans l’informel. On retrouve dans les principaux hypermarchés de la place des produits identiques à ceux proposés dans les souks dits de «Lybie», de Boumendil à Moncef Bey. Autant de preuve, si besoin est, que la contrebande n’est pas contrôlée par les petites mains, et encore moins par ces manifestants que la police a pris pour des lapins.

En clair, la mise hors circuit des Trabelsi n’aura ainsi servi qu’à propulser leurs associés sur les devants de la scène, les seconds couteaux détenant aujourd’hui le pouvoir effectif. A l’heure où les Tunisiens découvrent l’existence des 679 comptes détenus dans la filiale suisse de la HSBC, sans qu’on ne sache réellement dans quel secteur s’activent leurs titulaires. Finalement, les confessions télévisées de Seif Trabelsi auront le mérite de remettre ces questions occultées sur le tapis.

Mais  au-delà des interrogations, le problème reste persistant. L’économie mafieuse ne crée ni emplois, ni valeur ajoutée. Pourquoi embaucher ingénieurs et gestionnaires quand il s’agit essentiellement de toucher des prébendes de position. Les diplômés au chômage peuvent donc continuer à crever à petits feux de Ben Guerdane, à Dhhiba, jusqu’à Jendouba. Le cas échéant, ils auront le choix entre le cercueil flottant, en direction de Lampedusa, ou l’holocauste du chemin de Damas. A moins qu’ils ne choisissent de prendre le raccourci du suicide, dès l’école primaire.

A ce stade, Seif a payé, et son frère Imed, continue de payer une facture salée pour un crime qu’ils n’ont pas été les seuls à commettre. Alors que leurs complices peuvent pavoiser en toute liberté. Soyons donc cohérents. Allons jusqu’au bout de cette logique. Libérons Imed Trabelsi, qui a tout compris, lui. Erigeons à sa gloire et de son vivant, une statue en lieu et place de l’horloge au temps arrêté. Chantons les louanges du dernier martyr de la Révolution.

Oualid Chine

Free Imed, le dernier martyr de la Révolution
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