Mardi, 27 Mars 2012 04:02

martyrs-blesses-tunisieLes politiciens se lèvent de leurs fauteuils pour saluer leur mémoire. Certains posent avec eux pour des photos, le temps d’une campagne électorale. Evitant de regarder d’autres images. Celles des plaies ouvertes, des escarres, et des fauteuils roulants de nos blessés de la Révolution. Les martyrs encore vivants sont dégagés par la police.

Nos morts sont une nouvelle fois tués par l’indifférence généralisée. Des intrus se seraient infiltrés sur les listes. En attendant de les identifier, pour économiser sur les deniers publics, les vrais blessés peuvent crever. Pour respecter les règles de la comptabilité, on passe par profits et pertes les valeurs dépréciées de l’humanité. Mais on érige paradoxalement un ministère pour les Droits de l’Homme.

Nous discutons, dissertons sur l’excision et la constitution. Laissant l’oubli emporter les quelques rescapés des violences policières. Ceux qui ont payé la liberté de leur chair et par leur sang. Après la répression de Ben Ali, voici venu le temps du meurtre par négligence et omission. Complicité. Non-assistance pour personnes en danger. Celles-là même qui ont permis aux députés d’inaugurer leurs nouveaux fauteuils et aux journaleux de photographier leur pain en jouant sur les maux de la Révolution.

Walid Kasraoui pourrait perdre sa jambe, ultime amputation pour palier une greffe osseuse qui n’a pas prise comme il le faudrait. Zied Garraoui, du haut de ses 22 printemps, vit depuis plus d’une année avec une cartouche dans le corps. Mohamed Ben Romdhane est mort faute de soins appropriés dans le silence. Martyr d’une Révolution qui l’a oublié. Faut-il attendre que la liste des morts s’allonge indéfiniment après le 14 janvier ? La greffe de la démocratie aurait-elle fait oublier ces priorités annoncées lors des élections, alors que les politiciens se repaissent de ces blessures ouvertes sur un abime, de narcissisme et d’égotisme ? Valons-nous vraiment le prix du sang de ces 300 martyrs et 700 blessés ? Méritons-nous vraiment cette Révolution ?

C’est au respect et à la reconnaissance montrés envers ces héros anonymes, que l’on mesurera réellement le chemin accompli. C’est en leur accordant de toute urgence les soins nécessaires, c’est en les honorant, en espérant qu’ils veuillent bien accepter d’aussi tardives excuses que nous mériterons peut-être le respect de nous-mêmes. En attendant, avec ces attaques qui ciblent ces quelques survivants, c’est la honte qui éclabousse la Révolution.

Oualid Chine

La honte éclabousse la Révolution
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