Jeudi, 19 Juillet 2012 19:15

bananes-singesC’est le député Mahmoud Baroudi qui a ouvert les hostilités, ce jeudi 19 juillet, à l’Assemblée Constituante, en s’exclamant «c’est une république bananière» ! Un cri qui vient en réaction à la nomination de Chedly Ayari au poste de gouverneur de la Banque Centrale, à la place de Mustapha Kamel Nabli, dans des conditions plutôt troublantes.

Le problème ? Le décret officiel nommant Ayari à la tête de la première institution financière de Tunisie, a été signé par le président de la République le 11 juillet, soit une semaine avant que l’Assemblée Constituante ne prenne officiellement de décision sur le cas Nabli. Alors qu’en théorie, c’est bien aux élus de la Nation de prendre les décisions. Un imbroglio de plus, une cacophonie supplémentaire, après le «malentendu» au sommet de l’Etat qui a permis l’extradition du ministre libyen Baghdadi Mahmoudi, qualifiée de «coup de poignard dans le dos de la présidence de la République».

Dans un registre moins dramatique, le mercredi 18 juillet, M. Mohmed Ali Eroui, porte-parole de la direction générale de la sûreté nationale a affirmé que les policiers  n’assureront plus la sécurité lors des spectacles de Lotfi Abdelli, parce qu’ils s’estiment insultés et particulièrement visés par son humour. Ce faisant, les services du ministère de l’Intérieur ne comptent aucunement  traîner l’artiste devant les tribunaux pour diffamation mais plutôt le boycotter.

En somme, voici que la police tunisienne en vient à sélectionner elle-même les citoyens qu’elle veut bien protéger. Sans doute une première, dans l’histoire des services de sécurité, dont les éléments les plus turbulents ont d’ailleurs été traités de «singes», par l’ex-premier ministre Béji Caïd Essebsi en septembre 2011. Le blogueur et cyberactiviste Azyz Amami en a fait d’ailleurs les frais, en se faisant tabasser dans un poste de police, pour s’être justement permis de blaguer sur les bananes.

Et voici que la thématique bananière fait cette fois-ci une incursion dans l’auguste hémicycle, où les députés sont censés présider aux destinées de la Nation, et rédiger la Constitution. Reste à espérer que les quelques turbulences que vit aujourd’hui l’économie tunisienne ne poussent certains  responsables à faire de la Banque Centrale un distributeur de monnaie de singe. Auquel cas, ce ne sont pas les quelques gorilles de Ben Ali encore en liberté qui empêcheront les jeux du cirque de recommencer. Mais gare aux peaux de bananes à l'Assemblée Constituante.

Oualid Chine

Tunisie : République bananière et monnaie de singe
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