Vendredi, 03 Août 2012 13:59

debbouze-dilouUn ministre tunisien marié à une française, se fait huer lors d’un show donné à Carthage par un monarchiste français d’origine marocaine. «Dégage» a hurlé le public pour accueillir Samir Dilou, venu assister au spectacle de Jamel Debbouze, dans la soirée du jeudi 2 août.

Les téléspectateurs ont dû payer des tickets d’entrée à 35 ou 50 dinars, pour venir applaudir un one-man-show en langue française. Et ils en ont eu pour leur argent, puisque pour le prix, ils pourront se targuer d’avoir malmené un ministre pour pas grand-chose. Sans doute l’un des acquis de la Révolution.

debbouzeM. Dilou, ministre des Droits de l’Homme et de la Justice transitionnelle, a beau se présenter comme le «visage avenant» d’Ennahdha, manifestement, ça ne lui suffira pas pour être accepté par les festivaliers des beaux quartiers. Ceux-ci auront même remporté une petite victoire, de quoi panser un peu les blessures d’orgueil et les plaies, occasionnées par les résultats des élections. De quoi oublier, le temps d’un spectacle, les injures prononcées par certains députés de la majorité, les traitant de «déchets de la francophonie». Voici donc les francophones de Tunisie partiellement vengés. C’est le Karma, rétorqueront les quelques rescapés du Burma.

Mais sachons raison garder. L’accueil qui a été réservé aux blessés de la Révolution et à leurs familles, au ministère des Droits de l’Homme, a été autrement plus frappant. Il aura d’ailleurs considérablement contribué à écorner l’image autrefois si lisse de Dilou. Parce que c’est en usant d’arguments vraiment plus percutants, et à coups de matraque, que les services de sécurité ont dégagé les blessés. La plupart des gueules-cassées de la Révolution ne connaissent d’ailleurs probablement le Debbouze que sous sa forme arabe originelle : celle du gourdin. Mais il est peu probable que les vengeurs de Carthage aient eu une pensée pour leurs compatriotes blessés dans les manifs de Hay Ettadhamen et de Kasserine, en dégageant Dilou.

Quant à Jamel Debbouze, il a beau venir de ces fameuses «banlieues françaises défavorisées», il laissera les revendications politiques et sociales au vestiaire quand il débarque au Maroc, pour ne pas gêner «son ami le roi», et ses grands projets de cinéma. Il réservera ses déclarations révolutionnaires, ses sarcasmes, et même ses consignes de vote, à des pays comme la Tunisie. Sous les applaudissements des quelques Tunisiens encore épris de modernisme et de progrès. Les plus désabusés, eux, attendront que Samir Dilou démente avoir été à Carthage, lors de cette fatidique soirée.

Oualid Chine

Tunisie : Un Debbouze pour dégager Dilou
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