Yadh Ben Achour usera des termes les plus durs pour condamner sans appel le gouvernement tunisien. Dans une interview accordée au journal français «La Croix», l’homme qui a présidé «la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique» brossera un tableau très sombre de la Tunisie d’aujourd’hui. En voici les principaux traits.

Le juriste tunisien visera particulièrement Ennahdha. Ainsi, selon lui, «l’incompétence du premier parti au pouvoir dépasse l’entendement». Yadh Ben Achour alignera même les éléments à charge :

«Pas un seul des quinze grands dossiers prioritaires pour le pays depuis la révolution n’a bougé d’un iota. Qu’il s’agisse d’économie, d’équilibre régional, de justice transitionnelle, etc. Le gouvernement mérite un zéro de conduite. (…) De nombreuses coupures d’eau et d’électricité ont affecté les régions du Sud alors que cela ne s’était pas produit pendant tout le temps de la révolution ! Des personnes sont emprisonnées sans jugement depuis dix-huit mois. Des tortionnaires courent toujours».

Plus grave s’il en est, l’homme de loi mettra directement en cause le ministère de l’Intérieur en affirmant : «la manifestation devant l’ambassade américaine le 14 septembre s’est déroulée avec la complicité des forces de police». M. Ben Achour semble même très pessimiste puisqu’il souligne «on ne peut écarter le risque que le pays sombre vers une violence généralisée».

Une note positive ? Le constitutionnaliste déclarera «rester toutefois confiant dans la capacité des Tunisiens à affronter leurs contradictions et à les régler par le pluralisme et la démocratie». Inch Allah.