Dimanche, 07 Octobre 2012 15:54

front-populairePrivé de la coupole d’El Menzah par Ennahdha, c’est dans un palais des Congrès plein à craquer que démarre, ce dimanche 7 octobre, le grand meeting du Front Populaire, à Tunis. Plus de 10 000 militants, sympathisants se sont ainsi bousculés pour se faire une place dans une salle archicomble.

Au point que des centaines de citoyens se sont résolus à se rassembler à l’extérieur, dans la rue, faute de place. C’est donc peut-être pour s’épargner le spectacle d’une coupole d’El Menzah pleine comme un œuf que certains décideurs au sein du gouvernement, aient voulu empêcher le Front Populaire d’y organiser son meeting. Pour le coup, c’est raté. Emotion à fleur de peau, dans une ambiance vibrante, renforcée par ce flux de Tunisiens venus de toutes parts accourir à l’appel de notre front de gauche national.

«Ni Sebssi, ni Jebali, notre Révolution est la Révolution des humbles (l’intraduisible zawwali)». Tel est le cri de ralliement des présents, venus des horizons politiques les plus divers. Un refus déclaré de ceux qui se sont proclamés les héritiers du Destour bourguibiste, et une opposition marquée au parti religieux d’Ennahdha. Un double refus, donc, alors que la vie politique tunisienne semblait s’enfoncer jusqu’ici dans la bipolarité, depuis que des partis comme Ettakatol et le Congrès pour la République ont fini par faire une allégeance quasiment sans condition à leur partenaire dominant Nahdhaoui.  

Hamma Hammami, s’exclamera dans son discours inaugural : «Ils se sont servis des Droits de l’Homme, et veulent en priver le peuple tunisien. Pourquoi donc ont-ils choisi les pays démocratiques pour leur exil et non ceux où règne la chariaâ ? Pourquoi n’ont-ils pas choisi l’Arabie saoudite» ? Une question qui trouve un écho retentissant dans un contexte où les députés d’Ennahdha à l’Assemblée Nationale Constituante tentent d’éviter la référence aux Droits de l’Homme.

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Pour ceux qui l’auraient oublié, les membres actuels du Front de Gauche ont connu les prisons, les matraques, la torture, sans jamais abandonner la partie et la patrie, pour se réfugier sous les cieux londoniens ou parisiens. Hamma Hammami n’a en effet jamais baissé le ton, ni composé pour se compromettre avec des négociations en catimini avec la dictature. Alors même que resurgissent des boîtes d’archives des félicitations transmises à l’intention de Sakher El Materi, des messages accommodants pour ramener Ben Ali à de meilleurs sentiments.

Et en répondant à une vraie demande politique, le Front Populaire, avec le Parti des Travailleurs (ex-POCT) en figure de proue, n’en finissent pas de grimper dans les sondages, acquérant tous les jours plus de crédibilité et de poids, dans un contexte marqué par des revendications sociales, celles-là mêmes qui ont débouché sur la Révolution. Des revendications des régions oubliées de Sidi Bouzid, de Kasserine jusqu’au bassin minier n’ont en effet jusqu’ici pas trouvé de réponse, enflammant de nouveau ces mêmes régions, qui furent un temps le berceau de la Révolution.

Les différentes composantes de la Gauche Révolutionnaire tunisiennes, des nationalistes arabes, en passant par les écolos reprennent ce dimanche en chœur, les slogans entonnés dans les rues de la Tunisie, du 17 décembre au 14 janvier. Les hurlements de détresse montés de nos régions sont ceux de cette gauche que d’aucuns ont voulu escamoter, camoufler, dans l’espoir de récupérer pour leur compte l’élan de ces mouvements.

Le Front Populaire saura-t-il pour autant faire taire les rivalités des composantes de la gauche, faire parler néo-baassistes, nassériens, et ex-staliniens d’une même voix ? C’est en tous cas le pari difficile que comptent relever ces milliers de militants aujourd’hui rassemblés. Et en attendant, c’est «Pain, Liberté, dignité, patriotisme» que clame la foule comme un seul homme.   

Moez El Kahlaoui

Tunisie : L’irrésistible ascension du Front Populaire
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