Jeudi, 22 Novembre 2012 15:48

revolution-tunisieTribune. "Il est temps de marquer une pause dans le récit et de penser à la définition de ce qui s’est passé en Tunisie entre le 17 décembre et le 14 janvier. Il faut admettre que la Révolution Tunisienne est en marche et qu’elle sera accomplie le jour où une nouvelle république sera proclamée". Par Abdelaziz Belkhodja

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Il est temps de marquer une pause dans le récit et de penser à la définition de ce qui s’est passé en Tunisie entre le 17 décembre et le 14 janvier. Le processus qui a entraîné un changement à la tête de l’Etat a commencé par un soulèvement. Un soulèvement voulu par tous les Tunisiens, un soulèvement qui n’est pas celui d’une classe contre une autre, mais celui d’une population dans son ensemble contre le pouvoir «Echaab yourifd isqate enidham» (Le peuple veut la chute du régime).

abdelaziz-belkhodjaLa Révolution a débouché, le 14 janvier 2011, sur la fuite du Chef de l’Etat et sa mise à l’écart constitutionnelle en deux temps. L’application de l’art. 56 n’était pas légale. Mais elle était légitime. Elle peut être considérée comme un coup d’Etat par ceux qui, ce jour-là, soutiennent encore le régime de Ben Ali. Mais sa légitimité en fait une nécessité révolutionnaire provisoire, le temps que l’art. 57 soit appliqué. L’art 57 a d’ailleurs été appliqué dans le respect de la loi. Dans les jours qui ont suivi le 14 janvier, un processus de changement du régime a été initié par Kasbah 1 et Kasbah 2 et il a débouché sur l’élection d’une Assemblée Nationale Constituante qui, même si c’est un processus lourd et instable, constitue la Rolls de la démocratie. Ainsi, avec un certain recul, il faut admettre que la Révolution Tunisienne est en marche et qu’elle sera accomplie le jour où une nouvelle république sera proclamée.

Le problème qui se pose vraiment est que la première République Tunisienne a montré une solidité à toute épreuve et que sa Constitution, sans les réformes antidémocratiques qui ont été opérées, n’avait pas besoin d’être rejetée en bloc. La promulgation d’une nouvelle Constitution va non seulement faire perdre du temps au pays mais aussi créer une période d’instabilité juridique qui durera le temps que toutes les lois de la 1ère République seront incompatibles avec la Constitution de la Seconde République car celle-ci va prévoir un tribunal Constitutionnel qui rendra illégales un grand nombre de lois de la 1ère République.

En fait et dans l’absolu, la Tunisie aurait pu connaitre la Révolution la plus parfaite qui soit - ça veut dire qui intègre rapidement les principes démocratiques et sociaux dans le Droit positif et qui ne passe pas par une période de troubles - en éliminant immédiatement et dans le cadre de la Commission Ben Achour*, les normes anti démocratiques contenues dans la Constitution. Mais qui aurait accepté que la transition démocratique se fasse au sein d’une commission qui ne possède pas la légitimité électorale ? Le problème était politique : la Tunisie, après 50 ans de dictature, n’avait aucune personnalité politique, un véritable homme d’Etat, qui puisse rassembler une grande majorité autour d’un projet de sauvegarde de la Tunisie et de sa Révolution.

*La commission supérieure de la réforme politique est appelée, désormais, l’instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique

Révolution? Putsch? Coup d’Etat?... La querelle des définitions
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