Lundi, 17 Octobre 2011 07:03

faycal-saoudAbsents tout au long de la Révolution Tunisienne, les Salafistes ont fait une soudaine réapparition au lendemain du 14 janvier, lors de manifestations comme celles qui ont eu lieu en face de la synagogue de Tunis. Ces groupuscules ont également laissé éclater leur potentiel déstabilisateur dans des affaires comme celle du niqab de l’université de Sousse, et dans de violentes réactions dans l’affaire Nessma TV.

Alors même que la plupart des Tunisiens brouillés avec la chaîne se sont contentés de manifester pacifiquement leur désaccord. Or les salafistes ne sont pas un phénomène spécifique à la Tunisie.

En Palestine, du côté de Gaza, des groupes Salafistes comme «Jund Ansar Allah»  s’opposent, les armes à la main au mouvement de résistance islamique Hamas. Ils reprochent ainsi notamment au parti d’Ismail Haniyeh et de Khaled Mechaal de ne pas avoir instauré la chariaa. Les salafistes palestiniens disent ouvertement s’inspirer d’Al Qaida, et ce sont des groupes de ce type qui ont été coupables de la mort de Vittorio Arrigoni, militant pro-palestinien italien. Et parmi les soutiens financiers de ces groupes qui jugent impie (kafer) un parti comme Hamas, on trouve…  l’Arabie Saoudite.

En Egypte, alors que les libéraux, les gauchistes, les nationalistes arabes, le mouvement Kifaya, et même les Frères Musulmans défilaient contre le pouvoir de Moubarak, les Salafistes eux, ont préféré rester cloitrés chez eux et se sont même prononcés contre la Révolution. Et pour cause : Moubarak leur a notamment accordé le droit de bénéficier de chaînes satellitaires, (celles-là mêmes qui propagent le wahhabisme parmi les téléspectateurs de Tunisie et d’ailleurs) alors même qu’un mouvement politique comme les Frères Musulmans en était privé. Et les journaux égyptiens soulignent aujourd’hui cette douteuse proximité avec le pouvoir déchu, et émettent une hypothèse qui paraît de plus en plus crédible : les ex-dirigeants du Parti National Démocratique (l’équivalent égyptien de notre RCD) s’en servent aujourd’hui pour semer le chaos, à l’ombre des pyramides. Et les salafistes d’Egypte (lire cet article du magazine Le Point) comme ceux de Palestine, sont également soupçonnés d’être soutenus par l’Arabie Saoudite.

Pour ceux qui l’auraient oublié, c’est aussi en Arabie Saoudite que Ben Ali s’est réfugié avec sa famille. Et la pétromonarchie, ne compte pas le livrer de sitôt à la justice tunisienne. Pis : lors de sa visite en Tunisie en septembre dernier, le Prince Saoud Al-Fayçal, le ministre saoudien des Affaires Etrangères a même jugé bon, selon la feuille d’information Maghreb Confidentiel, de demander à ce que Abdallah Kallel lui soit également livré, «pour qu’il puisse se faire soigner au royaume».

Le royaume wahhabite serait-il tenté d’exercer une quelconque influence sur le cours des événements politiques en Tunisie ? Cette hypothèse ne saurait être délibérément exclue. D’autant plus que notre pays a été l’étincelle qui a allumé le brasier des Révolutions Arabes, qui menacent de faire vaciller les trônes des Etats les plus réactionnaires de la région. Ennahdha, dont le leader historique Rached Ghannouchi est persona non grata en Arabie Saoudite en sait quelque chose. Et ce n’est donc pas complètement par hasard, que des «salafistes» ont perturbé des réunions  du Parti Ouvrier Communiste Tunisien tout comme ils ont tenté de troubler certaines assemblées d’Ennahdha. Et c’est sans doute aussi un peu pour ces mêmes raisons, que le parti d’inspiration islamique s’est désolidarisé ouvertement des auteurs des éclats de violence qui ont touché la chaîne Nessma TV.

Un faisceau d’indices tend donc à accréditer en filigrane, la thèse selon laquelle le régime wahhabite de Ryadh, est l’un des principaux instigateurs des mouvements contre-révolutionnaires dans le monde arabe en général, et en Tunisie en particulier.

Quant aux complicités locales, elles sont abondamment illustrées, dans les réseaux sociaux. Les vidéos où les fausses barbes tressautent sur le visage des vrais-faux militants vociférant dans les rues de Tunis, sont nombreuses. Et des photos mettent aussi en évidence les accointances de barbus de circonstances avec quelques agents d’insécurité. Et dans ce cadre, les Salafistes ne seraient ainsi que les figurants dans un jeu de dupes. Une tragicomédie à l’échelle arabe où les Saoudiens tenteraient de nous tenir, par la barbichette.

Marwene El Gabsi

Les Saoudiens derrière les Salafistes de Tunisie ?
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