Samedi, 01 Décembre 2012 11:26

wahhabisme-tunisieDans ce deuxième volet de son étude intitulée «Le dromadaire de Najd», l’écrivain Ridha Ben Slama, se penche sur l’histoire de la première tentative historique de propager le wahhabisme en Tunisie. Il rappellera que si les Tunisiens ont rejeté cette doctrine saoudienne au début du 19ème siècle, ce n'est pas au 21ème siècle qu'ils vont l'accepter.

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     Vers 1810, le Bey Hammouda Pacha reçut une lettre menaçante d’Ibn Saoud et de Mohamed Ibn Abdelwahab appelant soit à rejoindre le mouvement sectaire Wahhabite ou se préparer à combattre. Saoud, un seigneur de guerre et l’ancêtre de ceux qui règnent actuellement sur l’Arabie Saoudite, scella avec Ibn Abd al-Wahhab une alliance le fameux « Pacte de Nadj ». Ibn Abdelwahab reprenait les thèses d’Ibn Taymiyya donnant naissance au salafisme wahhabite. Même son père et son frère, eux-mêmes jurisconsultes, rejetèrent ses idées les jugeant extrémistes et dangereuses. Cette hérésie avait été refusée par le Bey qui chargea les autorités religieuses de la mosquée Zitouna et notamment le Cheikh Ibrahim Riahi de se prononcer sur la question wahhabite. Ahmed Ibn Abi Dhiaf, historiographe de la famille beylicale, fait référence dans « Athaf Ahl Ezzaman Bi Akhbari moulouki Tounes wa Ahd el Aman » au document écrit par Brahim Riahi qui a servi de source pour répondre passant en revue les incohérences des prescriptions wahhabites et leur contradiction. Plusieurs répliques cinglantes ont été envoyées dont celles de Chaykou l-'Islam à Tunis, Isma’il At-Tamimi Al-Maliki, de Ibrahim Ibn ‘Abdi l-Qadir At-Taraboulousi Ar-Riyahi At-Tounousi Al-Malikide et de ‘Oumar Al-Mahjoub.

dromadaires-wahhabismeHamadi Redissi raconte dans son livre Le pacte de Nadjd  qu’au tout début du XIXe siècle, les wahhabites prennent La Mecque. Ils détruisent les dômes érigés dans l’enceinte sacrée, les tombeaux de Khadîdja, la première épouse du Prophète, de son oncle Abu Taleb, de Hassan et Hussein ainsi que les tombes et les mausolées du cimetière de Ma’ala à La Mecque. A Médine, ils profanèrent le sanctuaire renfermant le tombeau du Prophète, pillèrent les trésors qui y étaient déposés par les pèlerins et s’emparèrent des pierres précieuses, des bracelets, des colliers. Il fallut soixante dromadaires pour transporter ces rapines. Cette hérésie entame l'image de l'Islam et pose des questions sur sa contemporanéité, en découvrant une idéologie de la violence et de l'intolérance là où on est censé trouver une croyance de l'épanouissement de l'humain et de la tolérance.

 Les Tunisiens avaient rejeté le wahhabisme au début du 19ème siècle, ce n'est pas au 21ème siècle qu'ils vont l'accepter et après une révolution sans aucun référent religieux. Le dromadaire de Najd, déposé par ruse parmi nous et à l'intérieur duquel se cache un groupe de wahhabites clonés est repéré.

 L'enseignement à tirer de ce rapide coup d'œil historique est un rappel des traits les plus saillants de la personnalité tunisienne, fruit d'une histoire aussi marquante, à savoir une nature accueillante et modérée des Tunisiens et un rejet évident de tout extrémisme politique ou religieux. Et c'est ce montage fâcheux entre le politique et le religieux qui a été à chaque fois la source de crises et de désordres.

Ridha Ben Slama

Auteur de :

  • Libertés fondamentales et mode de corruption des systèmes- Editions Thélès- France – février 2010.
  • Le Songe Massyle, Roman historique, TheBookEdition, janvier 2011.

Du même auteur sur Mag14:

Les Tunisiens rejettent le wahhabisme dès 1810 (2/5)
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