Mercredi, 19 Décembre 2012 16:54

sami-fehriL’actualité est plus que jamais judiciaire. Plus que jamais, le ministre du département éponyme est sur la sellette. Noureddine Bhiri croule sous le feu de la critique depuis l’arrestation de Sami Fehri, et surtout, depuis que la Cour de Cassation a ordonné la libération du producteur de télévision, et qu’il est toujours maintenu en détention.

Le pire dans ce scénario catastrophe, c’est que les échos de l'affaire Sami Fehri risquent de parvenir jusqu’aux pays où les Ben Ali-Trabelsi sont terrés. Or ces Etats risquent de rechigner à les extrader vers une destination où on prend manifestement autant de libertés avec les procédures judiciaires. Le Canada, par exemple, pourrait ajourner le retour de Belhassen Trabelsi, et invoquer quelques anomalies procédurières (illustrées par l’affaire Sami El Fehri), qui auraient encore cours en Tunisie. Pour ces mêmes raisons, la France pourrait décider de prolonger indéfiniment  l’hospitalité offerte à Saida Agrebi.    

Et voici que par un retournement inédit de la situation, l’associé des Trabelsi est devenu le héros de la liberté d’expression. Tout un symbole. Celui de la déconfiture du gouvernement dans sa gestion des dossiers en suspense de la Justice de Transition. Or Sami El Fehri n’est pas n’importe qui. Il ne s’agit pas là du premier blessé de la Révolution que l’on peut aussi aisément matraquer  au détour d’un ministère. Ceux-là ont beau se compter par centaines, ya pas photo, ni comparaison. Un moignon exhibé au bout d’un bras ou d’une jambe mutilée est tout de même bien moins séduisant qu’un animateur aux yeux bleus pétillants.

C’est un homme de télévision, la lucarne sacrée par laquelle les Tunisiens lorgnent le monde, et qui leur fournit tous frais payés une grille d’interprétation. Mobilisation de la population, et des réseaux sociaux, pour celui qui incarne désormais la résistance, la bravoure, et le courage face à l’oppression. Un beau rôle. Digne des tribulations de Choko dans Maktoub, un personnage qui a su, par une acrobatie scénaristique, susciter la compassion et la sympathie du public malgré un gangstérisme caractérisé.

Une roulade roublarde d’autant plus facile à exécuter que le camp d’en face s’enfonce dans ses contradictions. Et puis, si El Fehri était le coupable aujourd’hui décrit, celui que l’on clou au pilori, comment justifier que des ministres ont accouru par dizaines pour se pavaner sur ses brillants plateaux de télévision ? Comment justifier que de plus gros poissons ont pu se faufiler à travers les mailles d’un filet à largeur variable ?

Et voici que la grève sauvage est déclenchée. Sami Fehri a annoncé, sa volonté de ne plus s’alimenter.  Les mauvaises langues rétorqueront qu’il a déjà bien assez mangé, depuis que Cactus a piqué la télévision nationale jusqu’au sang. Les belles âmes répondront derechef, que lui, au moins, n’est pas un crève-la-faim. Il paraît même que la société civile se mobilise, et que l’opinion publique a (presque) tranché dans le vif du sujet. Sami Fehri doit être libéré. Au moins, avec lui, «Labess», et on en aura pour notre argent avec ses émissions. Et la sagesse populaire n’est pas loin d’avoir raison, vu la série Z en préparation, en marge de la Constitution.   

Soufia Ben Achour

Tunisie : Sami Fehri, contradiction de la Justice de transition
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