Mercredi, 06 Février 2013 19:44

manif-chokri-belaidDes hommes de tous les âges. Des jeunes filles en jeans, d’autres en hijeb, des vieilles femmes… Tous sont venus exprimer leur colère, en réaction au premier attentat politique qui a visé la Tunisie d’après la Révolution. En un ultime hommage à Chokri Belaid. Reportage.

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Des milliers de Tunisiens sont descendus dans les rues de leur capitale après l’annonce de l’assassinat de Chokri Belaid, le leader du Mouvement des Patriotes Démocrates Unifiés, et le coordinateur général du Front Populaire. La foule a commencé à affluer à l’avenue Habib Bourguiba dès 11h, en cette matinée du mercredi 6 février.

Des hommes de tous les âges. Des jeunes filles en jeans, d’autres en hijeb, des vieilles femmes… Tous sont venus exprimer leur colère, en réaction au premier attentat politique qui a visé la Tunisie d’après la Révolution. Vers le coup de 13h, près de 10 000 personnes seront ainsi rassemblées dans la principale artère de la capitale. Des manifestants pacifiques. Même si les slogans entonnés appelleront à «la chute du gouvernement», et clameront que «le ministère de l’Intérieur est celui de la terreur». Peu de figures politiques connues dans une foule essentiellement constituée par des citoyens en colère.

Manifestations spontanées
manif-belaidMaya Jeribi, secrétaire générale du Parti Républicain, ne fera que passer. Tout comme Mohamed Jemmour, du Parti du travail national et démocratique, qui fera une brève apparition. Quant à Jawhar Ben M’barek, la figure de proue de Doustourouna, il ne s’attardera guère dans les rangs des manifestants. Les leaders historiques de la gauche tunisienne, eux, sont en cet instant trop occupés pour organiser une riposte populaire.

Vers 14h, la place Mohamed-Ali, celle du siège de l’Union Générale des Travailleurs Tunisiens, ce bastion de la contestation, est quasi-déserte. Les syndicalistes étant encore en réunion pour se concerter sur la stratégie à adopter. Mais les manifestants ne les ont pas attendus pour descendre dans la rue.

En somme, les Tunisiens qui occupent aujourd’hui par milliers la rue, se sont spontanément réunis. De simples citoyens, issus de toutes les couches sociales. L’expression la plus vivace d’une société tunisienne en ébullition, chauffée à blanc par l’actualité mortifère. L’atmosphère, du côté de l’avenue Habib Bourguiba est électrique. La violence policière se déchaînera aux alentours de 14h30. Le gaz lacrymogène se répandra massivement pour finir par ensevelir l’avenue sous la fumée. L’air devient rapidement irrespirable.

Vers l’affrontement
manif-belaidLa manifestation pacifique tournera peu à peu à l’affrontement. Quelques adolescents surexcités finiront par jeter des bouteilles de plastiques aux policiers. Les forces de l’ordre chargeront les manifestants, les poursuivront jusqu’à la rue Jean Jaurès, et dans le quartier du Passage. A 14h45, des adolescents souvent cagoulés jetteront des pierres aux policiers du côté de l’avenue Mohamed V. La charge des policiers se fera encore plus violente. Les coups de matraques s’abattent sur les manifestants, et les quelques piétons égarés. Certains se réfugieront dans les gargotes, pour éviter les coups de bâtons.

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L’arrivée de l’ambulance transportant le corps de Chokri Belaid, son passage près du ministère de l’Intérieur galvanisera la foule. Les gorges hurlent un ultime hommage au leader martyr de la gauche tunisienne. «Ali Laâridh, le ministre de l’Intérieur doit démissionner» scande la foule. Le slogan «Echaâb yourid isqat ennidham», «le peuple veut la chute du régime», retentira de nouveau, comme pour saluer le passage de cet opposant historique à Ben Ali, dans ces conditions dramatiques.

Le gaz lacrymogène est toujours plus épais. Il ne parviendra pourtant pas à étouffer les hurlements déchaînés.  Les heurts se poursuivront durant des heures. Les plus déterminés tenteront même de dresser des barricades, même si la foule ne sera plus aussi dense. Et voici que l’on apprend que les funérailles de Chokri Belaid auront lieu le vendredi, au cimetière de Jallez. Le convoi funéraire sortira donc ce jour là, à partir de la maison des parents du défunt, à Jbel El Jelloud.

Soufia Ben Achour

Meurtre de Chokri Belaid : Tunis en ébullition
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