Hamadi Jebali, le chef du gouvernement, casse la baraque sur Facebook, en proclamant son patriotisme. «Je t’ai choisie Ô ma Patrie» écrit-il, en guise de statut, reprenant le refrain d’une célèbre chanson de Marcel Khalifa. Un choix qui a manifestement soulevé l’enthousiasme des internautes tunisiens.

A peine une heure après la publication de ce statut, il aura été partagé par plus de mille facebookeurs. Un statut qui aura également compté près de mille commentaires, positifs, dans leur écrasante majorité, teintés pour certains d’entre eux, d’une pointe de scepticisme. Plus de 2000 internautes auront « liké», cette petite phrase qui a fait mouche.

C’est que dans les circonstances actuelles, ces quelques mots acquièrent un sens bien particulier. On pourrait ainsi interpréter ce statut comme l’expression d’une décision prise par M. Jebali. Entre sa patrie, et son parti, il aurait donc choisi la première. Entre les dérives d’Ennahdha, et l’intérêt de la Tunisie, il aurait donc tranché. Ce qui rejoindrait son initiative portant sur la dissolution du gouvernement dominé par Ennahdha, pour le remplacer par des ministres apolitiques et technocrates.

Par ailleurs, le fait que le premier ministre, et accessoirement secrétaire général d’Ennahdha, puisse choisir le chanteur Marcel Khalifa, Libanais d’origine, chrétien de confession, et de tendance politique communiste, peut aussi paraître comme étant un gage de rassemblement et d’union, par delà les frontières idéologiques. En clair, Marcel est plutôt le genre d’artiste que l’on écoute du côté du Front Populaire. Et au lendemain des grandioses funérailles du leader communiste Chokri Belaid, cette simple phrase, ce petit refrain court et percutant, a un retentissement important, pour ceux qui ont le cœur accroché bien à gauche.

Au final, Hamadi jebali, raillé, taquiné, moqué, vilipendé pour son sourire jugé par trop figé, pour son français approximatif, a fini par complètement chambouler la donne en deux temps trois mouvements.

Et le nombre de partage de cette simple phrase sur Facebook , le premier outil de communication politique en Tunisie, est un signe qui ne trompe pas. La cote de popularité de Hamadi Jebali a décollé comme une fusée. Reste maintenant à suivre la suite des événements. Parce qu’en Tunisie, on le sait, depuis ce fameux 23 octobre, les e-réputations politiques, se font et se défont à la vitesse du son.

Moez El Kahlaoui