Mercredi, 23 Novembre 2011 15:16

maherzia-laabidi“My name is Meherzia Labidi. I am from France, originally from Tunisia, I am now french citizen”. Ainsi se présente la vice-présidente de l’Assemblé Constituante tunisienne, élue le mardi 22 nombre par les représentants du peuple. La militante à la fois féministe et islamisante ne craint pas les paradoxes. 

Une vidéo enregistrée dans le cadre de l’ONG, «Religions for peace» et mettant en scène la numéro deux de la Constituante, a déclenché la polémique. C’est que la déclaration de Meherzia Labidi, dans un cadre qui n’a rien à voir avec notre Constituante, n’est pas complètement anodine, et ne pouvait donc passer totalement inaperçue. D’autant plus que le sentiment national est exacerbé dans le contexte tunisien actuel. Et voici que la dame, issue des rangs du parti d’inspiration islamique Ennahdha, se présente comme étant une citoyenne française, d’origine tunisienne. A priori, ce type de déclarations passerait comme une lettre à la poste si Mme Labidi n’était qu’une émigrée de la deuxième génération comme les autres. Or elle doit assumer des responsabilités historiques et rédiger la Constitution tunisienne. Et les relations avec la France, puissance colonisatrice, n’ont pas toujours été des plus apaisées.

assemblée constituanteOn relèvera cependant que Mme Labidi n’aura pas été la seule binationale tuniso-française à assumer de très hautes responsabilité dans la nouvelle Tunisie. Pour rappel, Kamel Jendoubi, le président de l’Instance Supérieure Indépendante des Elections a lui aussi un deuxième passeport français. Personne n’a pour autant fait douter de son intégrité, ni de sa loyauté envers son pays d’origine. Mieux : M. Jendoubi a effectué la lourde tâche qui lui a été réservée avec efficacité. Il en a d’ailleurs été chaleureusement remercié par les Tunisiens pour une fois unanimes.

De l’autre côté de la Méditerranée, les ministres de Sarkozy et autres secrétaires d’Etat originaires du Maghreb ne sont pas rares. Le pouvoir hexagonal s’en sert même pour faire reluire son image, et comme gage d’ouverture donné aux minorités ethniques. Sans même parler du cas Frédéric Miterrand, auquel la nationalité tunisienne a été accordée par Ben Ali, et qui s’est retrouvé propulsé Ministre de la Culture en France. Faut-il donc s’alarmer quand un responsable tunisien ne cache pas ses attaches françaises ?

Reste que la controverse dont Mme Labidi est à l’origine, n’est pas complètement infondée. Il pourrait en effet se présenter des cas où l’intérêt d’une nation ne correspond pas nécessairement à celui de l’autre. Et il faudra pourtant bien trancher. Dans ces conditions, nos élus binationaux risquent d’être confrontés à de bien cruels dilemmes.

Walid Ben Sahbi

Vice-présidente de l’Assemblée Constituante et citoyenne française
Bannière
Bannière

Annonces

Suivez-nous !

MagZik

Top 5 de la semaine

    Vos amis apprécient...

    You are here: