Mardi, 12 Novembre 2013 14:40

Tribune. Il faut se rendre à l'évidence, nous avons à faire avec des parjures pour ne pas dire pire. Tout a été dit sur leurs incalculables forfaits, inutile de les rappeler encore, les Tunisiens en sont amplement édifiés. Nous avons atteint le paroxysme de l'ignominie. Par Ridha Ben Slama

Aujourd’hui, les subtilités de langage deviennent insupportables, il ne s’agit pas de dialogue mais de tractations avec des preneurs d’otages. Ce qui fut appelé « dialogue » n’était que manœuvres et volte-face pour gagner du temps et tromper l'adversaire. C’est en fait tout un État qui est pris en otage, un peuple, une économie… Les Tunisiens sont comme tétanisés, attendant la délivrance ! Aux membres du quartet et aux partisans du front de la résistance de comprendre une fois pour toute qu’ils doivent mieux s’organiser pour NÉGOCIER avec des scélérats et mener une négociation plutôt offensive et expéditive. Winston Churchill disait : « Un conciliateur c'est quelqu'un qui nourrit un crocodile en espérant qu'il sera le dernier à être mangé.  » Dans les négociations, tout dépend du rapport de force, réel ou perçu. Sans modification de rapport de force, qui cristalliserait toute la colère de la rue, il serait illusoire de s’attendre à une sortie rapide de cette crise de tous les dangers.

Si l’on veut être conséquent, la partie doit se jouer désormais cartes sur table avec ces aventuriers. Ennahdha doit être écarté illico de l’exercice du pouvoir par tous les moyens légaux. L’un des leurs l’a bien formulé à sa façon, en connaissance de cause : « Abandonner le pouvoir est finalement une bonne chose pour nous […] Les Tunisiens attendaient autre chose […] Nous manquions de maturité politique et nous ne pouvions plus gouverner dans l’état des choses » (interview exclusive de Abdelfattah Mourou à TV5 Monde le 10.10.2013, par Pierre Desorgues). La nocivité de cette association de malfaiteurs n’est plus à démontrer, ses représentants s’en sont chargés. Mais il y a un détail essentiel qu’ils doivent retenir : les Tunisiens ont prouvé que la crainte de la répression disséminée par un système coercitif des plus féroces est faillible le jour où ils ont brisé le mur de la peur. Les meneurs d’Ennahdha se tromperaient s’ils croient une seconde qu’ils peuvent s’imposer par la violence et la fourberie. Ils auraient bien intérêt à faire le point de leur conduite tant qu’il est faisable et à admettre l’obligation de payer plus tôt que tard leurs fourvoiements.

Comment donc établir le rapport de force pour mieux négocier ?
Nous sommes des êtres humains debout, des citoyens et non pas des esclaves couchés. Par conséquent, résister et refuser le fait accompli est un droit inaliénable. C’est un soulèvement non-violent de résistance civile, avec un scénario d’escalade de masse, qu’il faut planifier et conduire sans amateurisme, pour venir à bout de la forfaiture et faire avancer strictement le processus énoncé dans la feuille de route du quartet avec en prime la dissolution de ce croupion de constituante et l’expulsion ce fauteur de chienlit fourré à Carthage. Cette action de résistance civile est justifiée, elle doit être aussi efficace en réussissant à convaincre l’opinion publique du bien-fondé de l’objectif poursuivi et de la méthode adoptée. En gagnant « la bataille de l’opinion publique » un rapport de force sera créé en faveur de cette cause. La résistance civile est juste le moyen de rappeler à ce pouvoir délabré que le peuple tunisien -où se situe la source de la légitimité- ne se reconnait plus en lui de facto, ne le reconnait plus en tant que tel. C’est un acte de conscience des plus nobles.

Ennahdha, comme parti se prévalant de la majorité au sein d’une constituante déconsidérée, traine désormais un lourd handicap et une image associée à la paupérisation de la société, à la violence et au terrorisme. Il y eut une mutation dans sa perception par une frange de l’opinion. Initialement, ses adeptes étaient perçus comme des victimes du régime déchu, des personnes pieuses qui ne feraient pas de mal à une mouche. Puis, au bout de deux années d’une gouvernance plus que chaotique, cette perception mystifiante a fait place à un rejet total. Les « victimes » se sont avérés de monstrueux cyniques, des personnages sans foi ni loi, âpres au gain, usant de la religion comme paravent pour garder le pouvoir par tous les moyens et s’en emparer ensuite grâce à un hold-up électoral.

Actions directes non-violentes
Ce pouvoir est désormais usurpé, il n’a jamais reçu mandat du peuple pour plus qu’une année (octobre 2011-octobre 2012). L’usage de la force ne peut lui octroyer la possibilité de s’auto-légitimer, car la légitimité ne peut se proclamer unilatéralement. Certes, l’usage de la violence cherche à contraindre à une certaine collaboration, sauf que celui qui subit la contrainte peut suspendre les effets les plus coercitifs de cette collaboration. Le principe de non collaboration prônée par Gandhi visait bien la rupture totale de ce lien. La non-violence active dénonce ainsi la contrainte et rompt la spirale collaboratrice.

De ce fait, trêve de conciliabules, de soliloques et de palabres vains. Il est grand temps de réagir massivement et sans rémission pour balayer les parasites qui s’obstinent à mener le pays à sa perte.

Il faut se dépêcher de former un Collectif des associations citoyennes conduit par des personnalités immunisées contre tout marchandage de leurs convictions pour déclencher sur tout le territoire des actions directes non-violentes. Tout un arsenal de méthodes légales d’interpellation et de mobilisation en Tunisie et à l’étranger sont indispensables :

  • Le blocage des entrées des ministères (à la Kasbah, à l’Avenue Habib Bourguiba…),
  • Une marche qui partira de Sidi Bouzid (lieu de regroupement du sud et du centre) vers la capitale pour rejoindre les sit-in,   
  • Le boycottage total par les média des activités des trois entités usurpatrices,
  • Des pétitions en Tunisie et à l’étranger pour dénoncer l’imposture du pouvoir,
  • La mise en place de Tribunaux Citoyens pour prendre l’opinion publique nationale et internationale à témoin sur les affaires de corruption, de violence et de malversation commises par les membres de la troïka…

Ce Collectif doit s’assurer de la loyauté des Forces Armées et des forces de l’ordre pour priver le gouvernement illégitime des moyens de répression contre les Tunisiens en colère.

Il s’agit de savoir, maintenant, si nous sommes capables (citoyens, organisations de la société civile, partis politique respectables) de relever le défi et de chasser une espèce de prédateurs méprisables, pour remettre le processus régénérateur de progrès en marche.

Finalement, compter sur nous-mêmes est la seule vérité qui s’impose à nous. Il est juste que nous ne sommes pas seuls, nous avons des amis qui « nous veulent du bien » parait-il à Paris et à Washington. Cependant, il faut insister sur la nécessité de compter sur nos propres forces. En nous appuyant sur les forces que nous aurons nous-mêmes organisées, nous pouvons vaincre contre ceux qui nous préparent la descente aux enfers, dans la léthargie générale, et enrayer le glissement vers l’inconnu.

Ridha Ben Slama

Auteur de :

Libertés fondamentales et mode de corruption des systèmes- Editions Thélès- France – février 2010.
Le Songe Massyle, Roman historique, TheBookEdition, janvier 2011.

Du même auteur sur Mag14:

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