L’entretien télévisé avec Nourredine Bhiri, le ministre conseiller auprès du président du gouvernement et ex-ministre de la justice, n’a pas fini de faire de faire des vagues. Des réactions en cascade s’enchaînent sitôt l’émission diffusée dans la soirée du dimanche 15 décembre, par la chaîne Nessma.

Et la riposte de Kalthoum Kannou, l’ancienne présidente de l’Association des Magistrats Tunisiens, a été foudroyante. Sur les réseaux sociaux, la dame que même la chape de plomb imposée à la magistrature sous la dictature n’a pas réussi à faire plier, n’épargne guère M. Bhiri de ses piques les plus acérées.

Elle interpelle ainsi l’homme fort d’Ennahdha en ces termes peu amènes: «pourquoi on n’a jamais fabriqué contre toi de fausses accusations ? Comment se fait-il que tu n’aies pas été emprisonné sous Ben Ali ?».

A noter en effet que si M. Noureddine Bhiri a rejoint le mouvement de la Tendance islamique (MTI, ancêtre d’Ennahdha, dès 1977, il n’aura été emprisonné «que» sous Bourguiba, de février à septembre 1987, et non sous la dictature de Ben Ali, qui n’avait pourtant pas la réputation de faire preuve de tolérance à l’égard de la mouvance islamiste.

A cet égard, le cas Bhiri paraît d’autant plus singulier que la répression s’est abattue, dès les années 1990,  sur des milliers d’opposants, arrêtés, emprisonnés, torturés. Par quel miracle M. Bhiri, avocat à la Cour de Cassation, qui a assumé des responsabilités de direction, au sein de son mouvement, dès l’université, est-il donc passé entre les mailles du filet ? C’est donc ces sombres pages du passé que Mme Kannou a remuées, en cette soirée du dimanche, avec en ligne de mire, celui qui représente aujourd’hui l’une des principales figures d’Ennahdha.

L’ex-présidente de l’Association des Magistrats Tunisiens apostrophe également M. Bhiri en lui demandant «d’arrêter de jurer»,  soulignant qu’il est «déjà intervenu dans des affaires de justice», contrairement aux allégations du ministre. Avant de conclure : «Je ne croirai jamais Nourreddine Bhiri, même s’il met la main sur la Kaâba».

Soufia B.A