Vendredi, 10 Janvier 2014 19:14

«Les islamistes ne cèderont jamais le pouvoir. Il n’y aura plus jamais d’élections». C’est le type de discours ressassé par quelques factions prisonnières de leurs schémas de pensées datant du coup d’Etat médical d’un certain 7 novembre.  La suite des événements leur infligera le plus cinglant des démentis.

Laâridh a tiré sa révérence. Et c’est même le troisième gouvernement à démissionner depuis la Révolution. Et ce vendredi 10 janvier, Mehdi Jomaâ a lui-même annoncé avoir été officiellement chargé par le président de la République de former le nouveau gouvernement.

Quant à l’Assemblée Constituante, caricaturée, épinglée, raillée, et dont certains dirigeants de l’opposition, comme Caid Essebsi,  exigèrent même la dissolution, elle nous prouvera finalement que la Tunisie demeure à l’avant-garde du monde arabo-musulman, avec une Constitution en voie de finalisation, et en exergue, une garantie de l’Etat de «l’égalité des chances entre la femme et l’homme pour assumer les différentes responsabilités et dans tous les domaines», avec en ligne de mire la parité entre les sexes dans les conseils élus. C’est dire que le modèle tunisien représente toujours un horizon indépassable dans une région toujours marquée par des discriminations sexistes d’un autre âge.

Et c’est cette même assemblée, dominée par ces mêmes islamistes qui a permis ce vote historique. En l’occurrence, même le parti Ennahdha votera majoritairement pour cet amendement historique, comme le sera sans doute ce jeudi 8 janvier. Alors que la Syrie sombre dans la violence, et la Libye dans le chaos, alors que qu’un coup d’Etat militaire a réfréné les velléités démocratiques en Egypte,  voici que notre chef de gouvernement lance à l’adresse des Cassandres, «j’espère que la Tunisie sera pour le monde un exemple de transition "made in Tunisia"».

Faut-il pour autant tresser des lauriers au mouvement de Ghannouchi ? Pas si vite. Pendant que l’on plastronne à la capitale, les régions s’enflamment. Avec pour prétexte, les augmentations des taxes, suspendues in extremis par le premier ministre démissionnaire.

Avec en toile de fond, des pans entiers de la population marginalisées et paupérisées dans des régions toujours mises à l’écart des centres de décision, même après la Révolution. Un déséquilibre toujours aussi flagrant entre la bande côtière et l’intérieur des terres qui menace de renverser la donne à tout moment. Et tant que le mal ne sera pas traité à la racine, les mêmes causes continueront de produire les mêmes effets, quelle que soit la couleur affichée par le gouvernement du moment.

Soufia Ben Achour

L’exemple «made in Tunisia»
Bannière
Bannière

Annonces

Suivez-nous !

MagZik

Top 5 de la semaine

    Vos amis apprécient...

    You are here: