Mercredi, 07 Mars 2012 15:59

drapeau-tunisieLe drapeau national a été malmené à la faculté de Manouba, ce mercredi 7 mars. Selon les versions, l’étendard historique de la Tunisie aurait été déchiré, ou simplement rabaissé. D’autres feront remarquer que devant le tollé, le coupable a fini par l’étendre aux côté du drapeau noir des salafistes. Il n’empêche. Les Tunisiens assistent éberlués à la remise en cause de ce qu’ils ont de plus cher.

Le problème, c’est que les mouvements radicaux de la mouvance islamique ne reconnaissent justement pas le drapeau national, et nient même sa valeur symbolique. Le porte-parole de Hizb Ettahrir en Tunisie, M. Ridha Belhaj, a appelé à plusieurs reprises à le changer. C’est que ce parti se veut avant tout transnational, en visant l’ensemble des pays musulmans, sans reconnaitre les frontières, et les identités jugées étroitement locales. M. Belhaj ne serait ainsi que le portevoix de Hizb Ettahrir en Tunisie, et non le secrétaire-général d’un mouvement proprement tunisien. Le califat ne saurait reconnaitre par définition l’identité nationale tunisienne, qu’incarne le drapeau rouge et blanc frappé de l’étoile et du croissant. Pis : elle serait même en contradiction avec les objectifs du califat.

drapeau-salafisteEt si les mouvements salafistes tunisiens ne s’embarrassent pas autant de la rhétorique relativement sophistiquée d’Ettahrir, ils n’en sont pas moins partisans d’oriflammes mentionnant uniquement des éléments religieux. Une idéologie qui ne sort pas de nulle part, puisque c’est l’Arabie Saoudite wahhabite qui a inauguré ce type de drapeaux (la chahada sur fond vert), et contribue à financer la propagation de sa doctrine via des chaînes satellitaires. Une influence de plus en plus perceptible, soutenue à coups de pétrodollars et de subventions accordées aux éditeurs et imprimeurs qui inondent les librairies et même les étals des marchands ambulants de livres aux reliures caractéristiques et aux titre évocateurs, du style, «le châtiment de la tombe», (3adheb el qabr). Ces groupuscules pro-saoudiens en sont même arrivés, en Palestine, à s’en prendre par les armes à des partis comme Hamas, considéré comme pas assez islamique. Et même dans les Territoires Occupés, il arrive que le ridicule tue. A coups de kalachnikov. Une tendance qui semble par ailleurs tenter de s’installer en Tunisie, les événements de Rouhia, et de Bir Ali ben Khelifa attestent des dérapages.

Or rien n’est fait pour juguler l’expansion de ces idéologies profondément réactionnaires. Pis. Des prédicateurs ramenés à grand frais en Tunisie, tels Wajdi Ghanim, ont osé se moquer de notre hymne national en toute impunité. Il y aura même des radios pour les inviter, des médias de masse pour leur donner plus d’impact. Le pire, c’est que même des responsables politiques tunisiens n’appartenant pas à la mouvance islamique ont franchi allégrement le pas, pour s’en prendre aux plus évocateurs des symboles de la Tunisie. Les déclarations de certains députés, comme notamment Tahar Hamila, ont également contribué à désacraliser les symboles de notre pays.

En somme, ces différents éléments tendent à démontrer que ce qui s’est passé à la faculté de Manouba, ce mercredi 7 mars n’est pas vraiment un cas isolé. Malgré les images choquantes qui ont été diffusées. Un faisceau de facteurs, de déclarations assassines, de prises de position niant l’identité propre de la Tunisie ont favorisé l’émergence de la tendance. Allons-nous permettre sa banalisation ? Si des groupes qui ne reconnaissent pas les valeurs et les symboles d’un Etat en viennent à occuper le devant de la scène politique et sociale, à imposer leur loi dans la rues, on risque en effet de ne plus reconnaitre le visage de notre Tunisie. Mais les Tunisiens vont-ils laisser quelques extrémistes défigurer leur patrie ?

Marwene El Gabsi

Lire aussi:  Les Saoudiens derrière les Salafistes de Tunisie ? 

Pourquoi ils veulent défigurer la Tunisie
Bannière
Bannière

Annonces

Suivez-nous !

MagZik

Top 5 de la semaine

    Vos amis apprécient...

    You are here: