Mercredi, 11 Avril 2012 23:23

ali-laaridh tunisieAli Laâridh que beaucoup encensaient, doit faire face à des critiques virulentes. Une véritable campagne de déstabilisation, diront les Nahdhouis. L’homme qui a croupi 16 ans dans les prisons de Ben Ali, aurait-il décidé délibérément de matraquer en vrac députés, journalistes, tunisiens et étrangers ?

Difficile à croire.  C’est d’abord son image, celle du parti qu’il représente, et celle du gouvernement qui est en jeu. Et qui en pâtit. Cependant, les journalistes auront du mal à lui pardonner les agressions quasi-systématiques commises à leur encontre lors des manifestations par les policiers. Ceux-là même qui lui doivent obéissance. Théoriquement. Les photographes, les cameramen, susceptibles de garder des traces et des preuves des dépassements désormais habituels sont les premiers ciblés. Un hasard ?

Pourtant, le journal arabophone «Le Maghreb», peu suspect de complaisance à l’égard d’Ennahdha, l’a même qualifié «d’homme d’Etat». Des sondages dont les résultats ont été publiés le 4 avril, révéleront même qu’il s’agit du ministre le plus populaire du gouvernement, (même s’il est aussi l’un des plus critiqués), grâce notamment à sa gestion sans faille du dossier de Bir Ali Ben Khalifa. Or voici que sa cote de popularité est au plus bas, après les violences policières du 9 avril.

A l’origine de la décision d’interdire l’avenue Habib Bourguiba aux manifestants, viennent les échauffourées qui ont eu lieu le 25 mars, quand les comédiens rassemblés devant le théâtre municipal, se sont fait agressés par les salafistes. C’est suite à ces événements que le ministre de l’Intérieur a pris cette décision qu’il semble regretter aujourd’hui. On aura noté qu’il avouera à demi-mots «avoir commis une erreur», sur le plateau d’Al Watanya, lors d’une émission consacrée à ce lundi noir du 9 avril 2012. Simple calcul politique ?

violences-policieres-tunisie

De toute évidence, la police tunisienne n’est pas encore digne de celle d’un Etat démocratique. Bon nombre de ses représentants continuent d’inspirer plus la peur que la confiance et le respect. Les mêmes photos, les mêmes vidéos des violences inouïes ont circulé, de 2011 à aujourd’hui, sous les gouvernements successifs de Mohamed Ghannouchi , Caid Essebsi, et actuellement Hamadi Jebali. Les Tunisiens gardent encore à l’esprit la mésaventure de Farhat Rajhi. Et quand Caid Essebsi a taxé les plus turbulents d’entre eux de singes, on a dû multiplier les mesures de sécurité pour lui éviter les conséquences. En clair : la toute puissance de la flicaille de Ben Ali ne s’est pas émoussée.

Une preuve récente ? Quand Ali Laâridh a voulu mettre sur la touche les barons des services de sécurité, Tunis, s’était un moment vidée de ses policiers. Ce qui n’a pas empêché le ministre de l’Intérieur de tenir bon, remportant les lauriers d’une popularité et d’une réputation dont peu de ses collègues peuvent se targuer.

On conçoit qu’il est bien difficile pour un ministre de l’Intérieur d’avouer ne pas avoir un contrôle absolu sur ses troupes. Pis : l’affirmer publiquement risque d’avoir des conséquences incalculables. L’autorité du premier responsable risque d’en pâtir. D’autre part, les plus récalcitrants risquent de s’engouffrer dans la brèche et d’afficher publiquement leur rébellion. Ali Laâridh préférera donc payer de sa personne, les écarts de ses troupes. Il se battra aussi dans l’ombre, sur un deuxième front dont peu de nos citoyens saisissent tous les enjeux, celui des salafistes djihadistes.

Le problème ? C’est que tous les Tunisiens, en payent aussi le prix. Des députés, des journalistes, des femmes, des vieillards, se sont faits matraqués le 9 avril, alors qu’ils manifestaient pacifiquement. Nos concitoyens ont été blessés, l’image de marque de la Tunisie de la Révolution malmenée. Il faudra donc se résoudre à ne plus se voiler la face, et à éliminer les derniers vestiges de la dictature. Les gorilles de Ben Ali n’ont plus leur place en Tunisie.

Moez El Kahlaoui

Ali Laâridh face aux gorilles de Ben Ali
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