Vendredi, 08 Juin 2012 23:24

ayadi«Nous restons fidèles (awfia) à la Révolution. Fidèles à ses valeurs, à ses revendications». Ainsi a présenté Abderraouf Ayadi, les orientations de son parti, créé par les dissidents du Congrès Pour la République. A la tribune, en cette matinée du vendredi 8 juin dans un hôtel de Tunis, les transfuges du CPR que sont Slim Boukhdhir, Fethi Jerbi, Azed Badi, Zouhour Kourda, Abdelmajid El Abdelli et, bien sûr, Ayadi.

Le nouveau mouvement sera baptisé El Wafa. En clair, il s’agit pour ce groupe, d’avoir pour ligne directrice, la loyauté, la fidélité aux principes portés par tout un peuple, depuis les premières étincelles de 2008, qui ont scintillé dans l’obscurité de la dictature, au fond du bassin minier, jusqu’aux flammes de Sidi Bouzid du 17 décembre, et l’explosion populaire du 14 janvier. Parmi l’assistance, Hamma Hammami, le sémillant leader du Parti Ouvrier Communiste Tunisien (POCT), qui a voulu marquer, par sa présence, sa sympathie pour le nouveau-né de la scène politique tunisienne. M. Ali Ben Salem, le doyen tunisien des militants des Droits de l’Homme, celui qui a été de toutes les batailles de la Tunisie, de l’époque de la colonisation, celui qui n’a pas craint de s’opposer à Bourguiba, et qui a eu assez de souffle pour résister encore à Ben Ali était aussi de la partie. L’ombre d’Om Zied pourtant absente, planera sur cette conférence de presse. Elle aura répété à qui veut l’entendre, que ce groupe, représente «l’âme véritable du CPR».

elwafa

hamma-hammami-wafaEt comme pour lui donner raison, Slim Boukhdhir, qui n’a jamais craint de ruer dans les brancards ouvrira d’emblée les hostilités «Les procès des assassins présumés des martyrs de la Révolution doivent être publics». Boukhdhir revendiquera ainsi «l’ouverture des archives de la police politique» que les autorités actuelles veulent continuer à garder sous le boisseau. Le nettoyage au «karcher» de l’administration et des médias des résidus de l’ancien régime parait ainsi plus que jamais d’actualité.

Pour Maître Abderraouf Ayadi, qui a fait ses premières armes au sein de l’extrême-gauche, mais qui est toujours resté profondément enraciné dans la culture et les valeurs islamiques renchérit : «le débat politique est absent de la scène nationale. L’Assemblée Nationale Constituante se limite dans le meilleur des cas à traiter les symptômes, mais ne cherche pas à déterminer l’origine du mal». La priorité sera donc de «faire renaître le débat politique, et de mettre en place, avec ce nouveau parti, une véritable école politique, une pépinière ouverte à toutes les forces démocratiques, apte à peser sur les débats, et sur le cours des événements».

ayadi

fethi-jerbiFethi Jerbi, toujours incisif, publiera sur les réseaux sociaux, en ce même vendredi, cette phrase qui sonne comme un avertissement  «pour l'instant le seul qui détient l'autorité légitime et qui peut exercer un quelconque pouvoir est l'Assemblée Constituante...si nous n'avons pas compris cela...la dérive autoritaire est à la porte et les dictateurs en herbes vont bien pousser».

Reste maintenant à savoir si cet appel sera vraiment entendu par le peuple tunisien et une classe politique plutôt atone, dans un contexte où les braises de la contestation rougeoient de plus belle. Le mouvement El Wafa saura-t-il réellement mobiliser ses sympathisants, parviendra-t-il à recréer la synergie et la dynamique qui a engendré les succès du 23 octobre, alors que les Tunisiens paraissent pour le moins désenchantés, désillusionnés par la politique ? C’est en tout cas le défi que veulent relever les dissidents du CPR, désormais rassemblés sous la bannière El Wafa.

Lotfi Ben Cheikh

El Wafa : «Fidèles à la Révolution»
Bannière
Bannière

Annonces

Suivez-nous !

MagZik

Top 5 de la semaine

    Vos amis apprécient...

    You are here: