Des Tunisiens se sont battus, sont tombés au champ d’honneur pour leur drapeau national. Les Tunisiens, tous les Tunisiens, savent ce qu’il en coûte à celui qui voudrait le souiller.

L’affaire de l’extrémiste qui a remplacé l’étendard national par un drapeau noir est encore dans toutes les mémoires. Et voici qu’éclate une nouvelle «affaire», dans un contexte déjà particulièrement tendu suite à la diffusion de ce film mettant en cause l’Islam et son Prophète.

Ce vendredi 14 septembre, plus de 300 représentants de la société civile ont été invités à l’Assemblée Constituante pour débattre de la Constitution. Sauf que les débats ont été oblitérés par la polémique provoquée par le remplacement de l’étoile à cinq branches par l’étoile de David, sur le drapeau national. Pendant qu’au même moment, les appels à manifester contre le film islamophobe retentissent dans les mosquées de Tunisie, en ce vendredi.

Selon Shems FM, «les représentants du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ont reconnu leur responsabilité dans cette affaire, et se sont excusés auprès des membres de l’Assemblée Nationale Constituante (ANC) suite à l’erreur d’impression du drapeau tunisien sur un bloc note distribué à l’ANC ». Cependant, quelques points d’ombre subsistent, dans cette bien curieuse histoire.

Parce que le modèle du drapeau national tunisien est disponible, prêt à l’emploi sur internet. Une simple recherche sur Google permet de tomber sur des images de ce symbole, et il suffit donc de faire un simple copier-coller (à quelques détails près) pour l’apposer sur un document. Difficile de se tromper. Pourquoi l’infographiste aurait donc cherché à redessiner par lui-même le drapeau tunisien, au risque de se tromper sur les couleurs exactes, sur les proportions, ou sur les formes ?

Par ailleurs, comment un professionnel, ou même un amateur du graphisme pourrait-il se tromper sur ce qui symbolise l’identité nationale ? L’imprimeur n’a-t-il pas été intrigué par la forme plutôt surprenante de ce drapeau ? Et avant d’imprimer à des milliers d’exemplaires une commande, un professionnel de l’impression propose généralement un bon à tirer (BAT) que son client se doit de  signer. Le client en question, connaissant l’importance de l’événement, et du lieu (l’Assemblée Nationale Constituante) où ce document allait être distribué, n’est-il pas censé prendre quelques précautions ? Ceux qui ont distribué ces dossiers, et bloc-notes, frappés d’un drapeau tunisien trafiqué, ne se sont-ils pas rendu compte de l’anomalie ?

En somme, il faudrait imaginer que les maîtres d’œuvres du projet, l’infographiste, l’imprimeur, ceux qui ont réceptionné les papiers, ceux qui les ont distribués, ont commis une «erreur», ou n’ont rien remarqué d’anormal. Certes, l’erreur est humaine. Mais en l’occurrence, le hasard semble avoir fait de terribles efforts pour arriver à ce scandaleux résultat.

Moez E.K