Mardi, 13 Mars 2012 12:54

zouhair-yahiaouiInternet en était encore à ses débuts. L’adsl n’était pas généralisé. Et Facebook n’existait peut-être que dans l’imaginaire de ses créateurs. Et pourtant, certains ont vite compris tout l’intérêt  qu’ils pouvaient tirer de ce réseau à l’échelle planétaire. Zouhair Yahiaoui était de ceux-là. Le symbole tunisien de la cyber-résistance.

Aujourd’hui, la Tunisie commémore le 7ème anniversaire de sa mort. Le 13 mars sera désormais déclaré «journée nationale pour la liberté d'Internet».

Un jeune Tunisien qu’a priori rien ne distinguait des autres. Chômeur diplômé, maîtrisard en sciences économiques, il a fini par dénicher un petit boulot dans un publinet. L’aventure pouvait commencer. Avec tous les risques qu’elle comportait. Parce qu’à l’époque, la dissidence, même sur le Net, pouvait valoir à son auteur le régime du poulet rôti, de la falqa, et plus encore, en cas de persistance dans la résistance. Zouhair payera d’ailleurs de sa vie son ambition, celle de ne jamais céder. Quitte à hurler sous la chape de plomb.

Le site tunezine est né dans ces circonstances troubles où la moindre dissidence, la moindre voix discordante était étouffée. La moindre velléité d’indépendance brisée, tuée dans l’œuf. Ce qui donne d’autant plus de valeurs aux expériences des pionniers des libertés tels Zouhaier Yahiaoui. 18 mois de prisons, trois grèves de la faim, auront fini par le tuer. Il n’est pourtant pas décédé derrière les barreaux, mais les conditions dans lesquelles ils croupissaient, l’ont mené à la crise cardiaque. Il s’éteindra le 13 mars 2005.

C’est cette occasion qu’a choisi la présidence de la République de commémorer, pour maintenir la flamme du souvenir allumée. Zouhair Yahyaoui sera décoré à titre posthume. Le martyr du Net n’aura pas assisté à la libération du web. Zouhaier Yahiaoui n’aura pas vu Ammar 404 se fracasser face à la contestation.

Reste à espérer que les libertés de s’exprimer, de surfer, de commenter puissent survivre aujourd’hui à ceux qui prétendent les limiter, les brider. Ironie de l’histoire, l’Agence Tunisienne d’Internet, qui étaient perçue comme une incarnation de la censure sur le web, est d’ores et déjà l’un des défenseurs les plus acharnés pour la liberté de naviguer.

Et l’exemple de Zouhair Yahiaoui, dit Ettounsi a été suivi par une armada de jeunes Tunisiens qui n’ont pas craint de s’engouffrer dans les quelques brèches de libertés ouvertes sur le net comment autant de fenêtres sur un monde différent. Zouhair Yahiaoui est mort, pour donner naissance à des milliers d’Ettounsi, qui ont fini par le venger. Les images des morts et des blessés, celles des martyrs de la première Révolution Arabe, ont pu exposer au monde entier les réalités de la dictature. Loin de l’image d’Epinal et des cartes postales diffusées par le régime via son agence de la communication extérieure, la défunte ATCE. Mais aujourd’hui, qui ose encore douter que Zouhair Yahiaoui, Ettounsi a gagné ?

Oualid Chine

Zouhair Yahiaoui, martyr tunisien du Net
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