Jeudi, 06 Octobre 2011 23:13

niqabUn groupe de quatre barbus munis de couteaux, d’épées, et de bombes lacrymogènes, ont menacé d’égorger, mercredi 5 octobre, M. Moncef Ben Abdeljalil, le doyen de la faculté des lettres et des sciences humaines de Sousse. Cet accès de violence qui a engendré un vent de panique, est intervenu après le refus de laisser deux étudiantes portant le niqab s’inscrire à la faculté.

Une étudiante portant le voile intégral s’était également présentée, en compagnie de deux barbus aux allures menaçantes précise le doyen. Mais les étudiants ont et résisté leur ont demandé de sortir. Le groupe a fini par s’incliner.

Les professeurs ont condamné unanimement ces agissements. Rappelant qu’il n’est pas possible de suivre un enseignement en niqab, malgré tout le respect dû aux préceptes de la religion. Le doyen a refusé l’intervention de la police, rappelant que les étudiants se  chargent de protéger l’université. Le rôle de la police s’arrête à la porte de l’université. Des pages Facebook décrivant avec force détails les événements survenus à la faculté de Sousse se sont multipliées. Parmi les commentaires postés par les étudiants, on lira notamment que les agresseurs ont même pris à partie les jeunes filles en hijeb.

Mais force est de constater que les femmes en niqab se font de plus en plus nombreuses dans les rues de Tunisie. Même si aucun texte religieux n’impose explicitement le voile intégral. Du reste, l’écrasante majorité des femmes tunisiennes, y compris celles qui militent dans des partis d’inspiration religieuse, n’en portent pas. Il s’agit d’une tradition clairement importée de certains pays du Moyen-Orient, que certains historiens jugent même antérieure à l’Islam, et donc relevant de la Jahiliya. Or dans certains de ces pays, comme l’Afghanistan des talibans, la femme est recluse et n’a pas accès au travail. Dans un Etat comme l’Arabie Saoudite où règne le wahhabisme, elles n’ont pas le droit de conduire une voiture, contre toute logique sociale et même religieuse. En somme, le niqab est rendu possible par la marginalisation totale de la femme dans ces sociétés. Et voilà que des groupuscules prétendent imposer par la force dans nos institutions publiques, des traditions étrangères.

La Tunisie s’achemine vers des élections historiques. Or comment devrait-on réagir si des femmes en niqab prétendent exercer leur droit au vote ? Peut-on identifier une personne intégralement voilée ? Et dans ce cas, comment la laisser exercer ce droit ? Ce même type de raisonnement est susceptible de s’appliquer dans une multitude de cas de figures similaires : dans un hôpital, un poste de police, au volant, une administration… Bref dans tous les cas où il est absolument nécessaire d’identifier son interlocuteur. Avec un point commun : l’impossibilité de l’adaptation du niqab avec les responsabilités qui découlent d’une vie moderne. Et pour cause : le niqab règne uniquement dans les pays où la femme est exclue de la vie sociale, pour être recluse dans le gynécée.

Certes, les manipulations sont toujours possibles dans un contexte fraîchement postrévolutionnaire. Les infiltrés, pas complètement éliminés du paysage politico-policier peuvent être tentés de jouer la division et la sédition. Il n’en reste pas moins que le sujet est assez grave pour mériter une urgente prise de position. Il serait donc opportun que les forces sociales tunisiennes, y compris les partis politiques de toute obédience, puissent s’exprimer clairement sur cette question. D’autant plus qu’avec la reprise des cours à l’université, et les flots d’étudiants à inscrire, la problématique est d’une brûlante actualité.

Walid Ben Sahbi

Pour résister à l’invasion du Niqab
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