Samedi, 17 Novembre 2012 21:16

mohamed-bakhti«On se demande si c’est l’Amérique qui nous gouverne. Jamais, même sous la dictature, un prisonnier n’est mort des suites d’une grève de la faim». Réunion de gauchistes ? Meeting de Nida Tounes ? Conférence de défenseurs des Droits de l’Homme ? Non. Ces déclarations ont été prononcées par un imam, lors d’un sermon, dans une mosquée.

 C’était hier, du côté de l’Ariana. Durant la prière du vendredi 16 novembre. Dans l’une de ces 400 mosquées passées sous le contrôle des salafistes. Et la colère gronde. Ce jour-là, la mort de Mohamed Bakhti, décédé le lendemain, n’était donc pas encore annoncée. Ce vendredi, c’est la première victime, Béchir Golli, que l’on enterrait. L’Imam a harangué des croyants au bord des larmes, saisis d’incompréhension.  Incompréhension, parce que les fidèles rassemblées pensaient, pour la plupart d’entre eux, avoir élu le parti qui allait enfin hissait haut le pavillon de l’Islam. Ce même mouvement, qui a autorisé de jeunes Tunisiens, à manifester sous la muraille de l’ambassade américaine. Ce même mouvement dont l’un des ministres, se vantera (presque) que l’on ait pu tuer nos concitoyens, pour défendre une ambassade étrangère. Alors qu’il aurait suffi de barrer la route aux manifestants, pour empêcher leur déferlement, et éviter la suite dramatique des événements.

Ennahdha a permis au salafisme de se développer, d’enfler, de se propager. Des Nahdhaouis de premier plan, tels Habib Ellouze, Sadok Chourou, ont même paru défendre des vues identiques à celles de ces cohortes de prédicateurs importés. Contribuant ainsi à désorienter davantage, de Sejnane à Douar Hicher, les plus défavorisés d’une population déjà déboussolée.

Mais il arrive que l’arroseur soit à son tour arrosé. Deux citoyens tunisiens, animés par une idéologie familière à certains dirigeants d’Ennahdha, meurent officiellement des suites d’une grève de la faim, dans des conditions obscures en détention. Alors qu’à quelques jours près, des symboles du régime de Ben Ali, ont été libérés. Et à la fin du mois dernier, deux salafistes mourraient sous les balles de la police, à Douar Hicher. Les pages les plus radicales battent déjà le rappel des troupes sur les réseaux sociaux.

Rached Ghannouchi aura d’autant plus de mal à convaincre «ceux qui lui rappellent sa jeunesse» du bienfondé de son action. Et voici que les bombardements de Gaza risquent de détourner les plus déterminés à suivre le chemin de Damas, vers d’autres voies. Au final, ceux qu’Ennahdha prenait pour son fer de lance, risquent de devenir ses plus farouches ennemis.

Moez E.K

Questions mortelles à la prière du Vendredi
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