Mercredi, 09 Avril 2014 10:43

Tribune. Tous les conducteurs sans exception se ruent dans le rond point, en sachant pertinemment qu'ils aggravent le problème, qu'ils perdurent la situation de blocage et qu'ils en subissent directement les conséquences. Cette culture est malheureusement généralisée. Du douanier au professeur, jusqu'au businessman corrompu en passant par le politicien incompétent...

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Tous les jours pour aller au travail je dois partir très tôt le matin pour éviter les embouteillages de la Soukra. C'est un vrai cauchemar que de se retrouver dès l'aube bloqué dans un bouchon avec des automobilistes déjà sur leurs nerfs prêts à dégainer les klaxons et les appels de phares au moindre faux pas. Ce cauchemar me terrifie tellement que je n’ai plus besoin de réveil pour me réveiller. Je pars même largement en avance pour éviter tout risque.

Pour rentrer c'est le même dilemme. Je dois quitter mon lieu de travail suffisamment tard pour éviter les embouteillages de Hay el Khadra puis de l'entrée de la Soukra. Mais hier, bien que j'ai quitté mon  lieu de travail vers 19h30 je me suis retrouvé bloqué dans un embouteillage monstrueux dès l'entrée de l'autoroute qui mène vers Bizerte.

Persuadé qu'un accident grave s'est produit, j'ai pris mon mal en patience. On avançait petit mètre par petit mètre jusqu'à arriver vers 20h30 à la hauteur de l'entrée de la Soukra. Là les voitures étaient complètements bloquées et n'avançaient même plus. La circulation reprenait de temps à autre et se bloquait aussitôt pendant de longues minutes. C'est en arrivant au niveau du rond point de la Soukra que j'ai compris que ce n’était  ni un accident ni l'infrastructure routière qui étaient en cause. A l'origine de cet embouteillage monstre, il n’y avait «que» l'égoïsme et la bêtise des conducteurs tunisiens.

Dans un rond point la règle préconisée par le code de la route est pourtant théoriquement très simple. Celui qui accède au giratoire cède la priorité.

Le non respect de cette règle par plusieurs automobilistes simultanément peut générer un blocage total de la circulation dans le croisement, et, bien sûr, dans toutes les routes qui y débouchent. Un policier complètement désarmé se fait aider par des piétons pour débloquer la situation. Dès qu'ils réussissent à fluidifier la situation, les voitures repartent à l'assaut pour reboucher le rond point. C'est avec le renfort d'autres piétons qui ont forcé l'arrêt des voitures en s'interposant que la circulation a pu reprendre au compte-goutte. Comment est-ce que nous faisons, nous automobilistes, pour ne pas comprendre qu'il suffisait juste d'attendre son tour pour que rien de cela n'arrive.

Seulement, tous les conducteurs sans exception se ruent dans le rond point, en sachant pertinemment qu'ils aggravent le problème, qu'ils perdurent la situation de blocage et qu'ils en subissent directement les conséquences. Cette culture est malheureusement généralisée. On la retrouve chez l'instituteur qui oblige ses élèves à prendre des cours particuliers et critique le système éducatif qui ne cesse de se dégrader. Chez le douanier qui laisse passer les trafiquants et qui s'étonne de la prolifération des marchés parallèles. Chez l'homme d'affaire corrompu qui s'étonne de l'effondrement de l'économie. Chez le politicien incompétent qui voit le pays couler et qui espère un miracle pour le sauver...

Le jour où on commencera à regarder ces réalités en face dans le miroir, on se portera beaucoup mieux. Et la Tunisie aussi.

Mohamed Brahim

Tunisie bloquée : Parabole de l’embouteillage
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