Jeudi, 29 Septembre 2011 21:59

lobby pornoLes amateurs de la pornographie en ligne semblent représenter une coalition d’intérêts assez importante, pour que certains partis politiques les prennent avec des pincettes. Tout ce qui rappelle le spectre d’Ammar 404 est voué aux gémonies par des groupes d’internautes tunisiens très actifs sur les réseaux sociaux. Et il faut donc éviter à tout prix de s’attirer leurs foudres virtuelles.

Moez Chakchouk, le premier responsable de l’Agence Tunisienne d’Internet (ATI) avait même fait du porno un cheval de bataille, dans une lutte épique et juridique contre un groupe d’avocats conservateurs. Une manière sans doute, de redorer le blason d’une institution à l’image plus qu’écornée sous le régime de Ben Ali.

Et voici que les responsables des partis sont sommés de se prononcer sur cette question gravissime pour l’avenir de la Tunisie : Etes-vous pour ou contre la censure des sites pornos ?

Si le politicard répond qu’il est pour, il s’ensuivra une campagne de dénigrement au cours de laquelle il sera accusé de ramener dans ses bagages le terrifiant fantôme d’Ammar 404. Ainsi, après une réponse d’Ettakatol jugée pas assez claire par les électeurs potentiels, des facebookeurs ont lâché le commentaire qui tue : je ne voterai plus pour ce parti. A croire que la libre disposition de la pornographie en ligne constitue le seul et unique critère selon lequel ils vont choisir leur favori pour les élections historiques du 23 octobre.

Et visiblement, ce point précis a suscité le branle-bas de combat du côté des politiciens, qui ont tenu à répondre à ces accusations outrancières (vous pensez bien, un seul X vous manque et le Net est dépeuplé). Il faut donc réagir au plus vite pour ne pas perdre ces si précieuses voix adeptes du libertinage en ligne.

Certains groupes Facebook se chargent en effet de coller l’étiquette «d’obscurantiste réactionnaire moyenâgeux» à ceux qui se permettent de refuser la pornographie sur le Net. Comme si l’exhibition et la réification du corps humain en général, et féminin en particulier, pouvait réellement constituer un signe de modernité. Mais la discussion est loin d’être close pour autant.

Parce que techniquement parlant, la censure est aussi illusoire que coûteuse. Selon l’ATI, il faudrait ainsi investir plus de 72 millions de dinars pour rendre les sites pornographiques moins accessibles. Sans pour autant garantir leur inaccessibilité. Les jeunes Tunisiens, rompus aux méthodes de contournement sont passés en effet maîtres dans l’art de déjouer la surveillance et les obstacles virtuels. En d’autres termes,  cet argent serait mieux investi dans des secteurs autrement plus prioritaires, comme la santé, ou l’éducation nationale. Mais visiblement ces sujets plus austères manquent d’atouts de séduction.

Mais faut-il pour autant faire de la pornographie sur internet un débat national, voire même un argument électoral ? Le lobby virtuel des amateurs de films X serait-il à ce point important, en Tunisie, pour que des formations politiques chargées de tracer l’avenir de notre pays en arrivent à argumenter en dessous de la ceinture ?

Moez El Kahlaoui

Un lobby tunisien du porno en ligne ?
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