Mercredi, 02 Novembre 2011 12:08

charlie hebdoUn incendie criminel a éclaté dans les locaux parisiens de Charlie Hebdo dans la nuit du mardi au mercredi 2 novembre 2011. L’hebdomadaire français avait fait ses choux gras des résultats des élections tunisiennes, qui ont désigné Ennahdha en grand vainqueur. Un résultat largement brocardé dans ce dernier numéro, intitulé Charia Hebdo», pour célébrer à sa manière l’événement.

Les locaux du magazine ont subi une attaque au molotov, vers 1 heure du matin. Le matériel informatique a été totalement brûlé. Le site web du journal a également été piraté.  A noter que Bertrand Delanoë, le maire de Paris, bizertin de naissance, a proposé son aide et des locaux à Charlie Hebdo.

Après une brève apparition en Tunisie après la Révolution, le magazine Charlie Hebdo a vite déserté les kiosques tunisiens. En mai dernier, c’est la direction du magazine elle-même qui a choisi de ne plus couvrir notre marché, en réaction à l’initiative de son distributeur local. Les Les raisons avancées par le journal ? «Le distributeur tunisien craint que les couvertures de l'hebdo qui mettent en scène les religions lui créent des problèmes. Il nous a donc demandé de contrôler le contenu du journal avant de le mettre en vente ou non. Ce que nous avons refusé. Nous attendrons que la révolution et la laïcité l'emportent vraiment pour revenir en Tunisie».  En clair, à moins que le Pôle Démocratique Moderniste fasse un carton aux prochaines élections, on n’est pas près de revoir l’hebdomadaire français en Tunisie.

Charlie Hebdo n’en est pas à son premier coup du même genre. Son ancien directeur, Philippe Val a publié dans le n° 714 du journal une pétition pour «le droit au blasphème», signée notamment par Bernard-Henri Lévy, Salman Rushdie et Taslima Nasreen, des auteurs guères connus pour leurs sympathies pour les Musulmans en général, et les Islamistes en particulier. Dans le même sens, on rappellera que M. Val a licencié Siné, le célèbre caricaturiste, accusé d’antisémitisme. M. Val lui-même a été longtemps taxé de racisme anti-arabe. On remarquera également qu’il n’a pas les mêmes positions envers Israël. Val soutiendra ainsi mordicus que le sionisme n’est pas une forme de racisme, quitte à multiplier les prises de bec avec les militants antiracistes et altermondialistes. A noter cependant que Val n’est plus aux commandes de Charlie Hebdo, puisqu’il dirige actuellement France Inter. Mais il semble avoir laissé une empreinte indélébile dans la rédaction de l’hebdomadaire satirique.

Similarités avec le cas tunisien
Difficile de ne pas faire le lien avec les violences du cinéma AfricArt, lors de la projection de «Ni Allah, ni maître» et la diffusion de Persepolis, le film controversé de la réalisatrice franco-iranienne Marjane Satrapi, par la chaîne Nessma TV. Dans un cas comme dans l’autre, les manifestations se sont multipliées, et des dérapages violents ont émaillé l’actualité. Et en braquant ainsi l’opinion autour d’un seul et unique sujet martelé à longueur d’émissions et de débats, les chantres du «modernisme» ont ainsi paradoxalement largement contribué à la victoire électorale d’Ennahdha.

Les observateurs auront relevé que l’atmosphère politique française rappelle étrangement l’ambiance qui a régné avant les élections tunisiennes du 23 octobre. Ainsi, Marine Le Pen, la cheffe de file du Front National, l’extrême-droite française, est créditée de scores mirobolants par les sondages à la veille des présidentielles de 2012. Les discours islamophobes relayés par une presse française jouant sur les peurs de son lectorat, parviendra à coup sûr à influencer l’électorat. Quant à l’incendie qui a ravagé les locaux de Charlie Hebdo, il sera certainement monnayé comme il se doit par les xénophobes français qui semblent déjà avoir le vent en poupe. L’incendie du journal français contribuera à assombrir l’image des Musulmans en Europe, ce qui ne peut qu’être bénéfique pour les mouvements d’extrême-droite. Et alors que la campagne électoral démarre en France à coups de déclarations fracassantes, voici que le Front National obtient un coup de pouce inattendu, qui risque peut-être de le propulser au second tour des élections présidentielles. Ce ne sera pas l’unique effet de la lepénisation des esprits, en France, comme en Tunisie.

Walid Ben Sahbi

Charlie Hebdo, Ennahdha, et Nessma TV
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