«La Garde présidentielle a refusé d’assurer la protection du président de la République, M. Moncef Marzouki, dans sa visite au Jebel Chaâmbi» a annoncé un journal en ligne tunisien ce jeudi 9 mai. La même source précise que «les gardes entendaient ainsi protester contre le fait que le président ait trop tardé à prendre cette initiative».
Une information d’une extrême gravité qui pourrait faire croire que les forces de sécurité prennent désormais des initiatives de leur propre chef, et n’obéissent plus au pouvoir politique civil. Sauf qu’il s’agit d’une intox. Le secrétaire général du Syndicat des agents de la sécurité présidentielle vient de publier un démenti cinglant. Et pour cause : il s’agit d’une fausse information susceptible d’avoir des conséquences incalculables dans un contexte national marqué par les attaques terroristes au Châambi, dans la zone frontalière entre la Tunisie et l’Algérie.
Sur la même thématique brûlante, d’autres journalistes tunisiens déclarent avoir recueilli des témoignages explosifs de personnages présentés comme étant des «officiers des services de renseignement» étrangers. Les agents «secrets» s’adresseraient donc désormais à des journalistes, et de surcroit, d’un pays qui n’est pas le leur, et ce, simplement pour donner sereinement leur vision de la situation tunisienne, et en toute transparence s’il vous plait.
A ce stade, il convient de s’interroger :
Le problème, c’est que les «articles» de presse mettant en jeu la sécurité nationale se multiplient. Or ces «analyses» auraient été sans gravité si elles étaient émises dans le café du coin, et non dans des quotidiens à grand tirage, ou des journaux électroniques à l’effet démultiplié par les réseaux sociaux.
Certes la communication gouvernementale pâtit d’un amateurisme flagrant. Et tout citoyen peut formuler les critiques les plus sévères, dans le cadre strictement défini par la loi. C’est même l’un des seuls véritables acquis de la Révolution. Mais au-delà des clivages politiques exacerbées, le moins que l’on puisse exiger de nos journalistes, c’est de respecter un minimum de déontologie. Le cas échéant, on serait en droit de les soupçonner d’avoir d’autres visées que celles édictées par les règles de la profession.
Moez El Kahlaoui