Lundi, 07 Octobre 2013 10:47

Meherzia Laâbidi, la vice-présidente de l'Assemblée Nationale Constituante, ne s’imaginait sans doute pas, qu’en singeant les rappeurs, pour faire djeun’s et populaire, elle allait s’exposer aux rugissements de colère de nos sécuritaires. Mais le mal est fait.

Le Syndicat National des forces de Sécurité Intérieure a annoncé, le dimanche 6 octobre, son intention d'intenter un procès à Mme Laâbidi pour avoir qualifié de «poulets» les policiers, lors d'une déclaration radiodiffusée.

Selon Chokri Hamada, porte-parole officiel du syndicat, cette expression est utilisée par les  délinquants des «bidonvilles parisiens»,  pour dénigrer les policiers français et porter atteinte à leur dignité. Qu’on se le dise : notre police nationale ne saurait rester sans réactions face à une telle campagne de dénigrement. Il en va de son honorabilité, déjà égratignée par l’ancien premier ministre Caid Essebsi, qui, le premier, a ouvert les hostilités.

En effet, il avait traité certains d’entre eux de «singes», dans un discours prononcé le 6 septembre 2011. Mais ce n’est pas au vieux chimpanzé que l’on apprend à faire la grimace : il saura s’en sortir sans une égratignure, lui, même si nos valeureux agents s’étaient exclamés, histoire de l’informer sur leur vraie identité, «nous sommes des lions, pas des singes». Nous voici donc fixés. Et depuis, les Tunisiens savent donc théoriquement à quel genre de fauves ils ont affaire.

Ce qui n’empêchera pourtant pas le rappeur Weld El 15 de les qualifier à son tour de «chiens» dans l’une de ses chansons, qui lui vaudra une condamnation et deux procès. Et puisque les rappeurs n’ont pas le monopole de la métaphore animalière, une page Facebook présentée comme étant celles des  agents des services pénitentiaires, traitera le jeune homme de «rat» et réclamera son transfert à la «chambre des lions» (celle des ‘’déviants sexuels’’),  de la prison de la Mornaguia. Un simple rappel à l’ordre, une juste sanction pour celui qui n’a pas retenu la morale, de la fable du bestiaire.

Car les brebis galeuses de la profession ne représentent certainement qu’une infime minorité. Certes, il arrive qu’un jeune puisse avoir, (par inadvertance), la mâchoire fracassée par une balle tirée par un revolver règlementaire, devant sa maison. Mais il ne faudrait surtout pas prendre le cas de la jeune fille des Jardins de Carthage, violée par des policiers, pour une généralité. Allons donc, il ne faut pas exagérer : les cas d’agressions sexuelles commises par des agents en fonction restent rares. Même si exceptionnellement, il arrive qu’un homme soit violé dans un commissariat, comme le regrettera  Radhia Nasraoui. Mais quoi qu’en disent les mauvaises langues, les viols, ne sont pas l’exclusivité d’un seul et unique corps de métier.

Car la vocation de notre police républicaine, est d’abord d’assurer la protection des Tunisiens et des Tunisiennes. Et les compétences de nos agents, sont désormais au dessus de tout soupçon. On ne le répétera jamais assez : la plupart des manifestations sont réprimées de manière tout à fait professionnelle, et l’on ne relèvera jusqu’ici l’usage de chevrotines qu’à Siliana. Que les forces de notre ministère soient remerciées de n’avoir crevé les deux yeux à aucun de nos frères.

Et puis aujourd’hui, la page de la Révolution durant laquelle 79% des morts comptabilisés ont été tués par des policiers (chiffres du rapport de la Commission nationale d’investigation sur les dépassements et les violences), est bel et bien tournée. Fini le temps où les interpelés passaient inévitablement sur le gril, histoire de rôtir le poulet décidément torturé.

Ceux qui traitent nos lions sans peur et sans reproche de singes, ceux qui osent qualifier nos tigres noirs, de chiens ou de poulets, sont donc absolument inexcusables. Ce n’est qu’à coup d’arguments frappants, et percutants, qu’on les ramènera à de meilleurs sentiments. Sans autre forme de procès.

Oualid Chine

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