Vendredi, 20 Décembre 2013 06:48

En comptant Mehdi Jomâa, la Tunisie aura connu depuis l'Indépendance, 14 chefs de gouvernement. Des hommes au profil souvent différent, défendant parfois des options divergentes ont occupé successivement ce poste. Ils afficheront pourtant, dans leur écrasante majorité, un point commun. Une constante flagrante.

Mehdi Jomâa, né le 21 avril 1962 à Mahdia, sera le 14ème des premiers ministres qui se sont succédé depuis le 20 mars 1956, en 57 ans d’Indépendance. Il s’agit de : Tahar Ben Ammar, Habib Bourguiba, Béhi Ladgham, Hédi Nouira, Mohamed Mzali, Rachid Sfar, Zine El Abidine Ben Ali, Hédi Baccouche, Hamed Karoui, Mohamed Ghannouchi, Béji Caid Essebsi, Hamadi Jebali, Ali Laâridh, et enfin le néo promu Mehdi Jomâa.

Portion congrue pour les Tunisois
Sur les 14 chefs du gouvernement, 10 sont originaires du triangle Sousse, Monastir, Mahdia. Trois gouvernorats  qui ne formaient, jusqu’au 5 juin 1974, qu’un seul et unique gouvernorat : celui de Sousse. On notera cependant la présence de trois Tunisois dans la liste:

  • Tahar Ben Ammar, qui a signé le 20 mars 1956 à 17 h 40, avec le ministre français des Affaires étrangères de l’époque, les accords de l’Indépendance. Il ne sera Premier Ministre que durant trois semaines, puisque son règne ne durera que du 20 mars 1956 au 11 avril 1956.
  • Béhi Ladgham, assumera les fonctions de chef de gouvernement pour moins d’un an, du 7 novembre 1969 au 2 novembre 1970. Même si par ailleurs sa position au parti Destourien et son titre de secrétaire d'État à la présidence en a fait le numéro deux du régime pour une plus longue période.
  • 41 années plus tard, le 27 février 2011, un troisième tunisois, Béji Caid Essebsi, est désigné chef du gouvernement, après la démission de Mohamed Ghannouchi. Caid Essebsi  restera en place jusqu’au 24 décembre 2011.

Au total, les trois parenthèses tunisoises à la tête du Premier Ministère n’auront pas duré 2 années complètes durant les  57 ans d’histoire de la Tunisie Indépendante. Des personnalités originaires du Sahel règneront donc le long des 55 autres années. Quant au reste de la Tunisie, du nord au sud, et du centre à l’ouest, il aura été complètement ignoré. Pourtant, le «Combattant Suprême» se faisait un devoir d’évoquer, dans ses discours, la nécessité de lutter contre les fléaux du tribalisme, et du régionalisme, pour édifier une Nation.

Domination du Sahel
Les dix autres premiers ministres,  qui se suivront à la tête des gouvernements tunisiens, à savoir :

 Habib Bourguiba (il sera premier ministre du 11 avril 1956 jusqu’à ce qu’il accède à la présidence quand la République sera déclarée le 25 juillet 1957), Hédi Nouira, Mohamed Mzali, Rachid Sfar, Zine El Abidine Ben Ali (du 2 octobre 1987 jusqu’au coup d’Etat médical du 7 novembre 1987), Hédi Baccouche, Hamed Karoui, Mohamed Ghannouchi, et même Hamadi Jebali, seront tous originaires du triangle sahélien.


Hédi Nouira, le 4ème premier ministre de la Tunisie indépendante, en compagnie de Bouguiba

Et leur règne sera autrement plus long que celui des trois Tunisois, dont aucun n’aura réussi à accomplir une année entière dans le fauteuil du premier ministre.  

A titre de comparaison :

  • Hédi Nouira, né le 5 avril 1911 à Monastir,  restera une décennie au pouvoir, du 2 novembre 1970, au 23 avril 1980.
  • Son successeur, Mohamed Mzali, né le 23 décembre 1925 dans la même ville, occupera son poste pour 6 années, du 23 avril 1980 au 8 juillet 1986.

Les premiers ministres de Ben Ali
La donne n’aura guère évolué durant les 23 années du régime Ben Ali, qui conservera manifestement les mêmes critères pour désigner les trois premiers ministres qui se succéderont à la Kasbah sous son règne. Même si Sousse semble avoir pris le relais de Monastir. Ainsi, Ben Ali nommera-t-il :

  • Hédi Baccouche, l’auteur de la déclaration du 7 novembre, né le 15 janvier 1930 à Hammam Sousse, aura le règne le plus court du trio, puisqu’il ne durera que l’espace de deux petites années, du 7 novembre 1987 au 27 septembre 1989.
  • Hamed Karoui, né le 30 décembre 1927 à Sousse, occupera pendant plus de 10 ans la plus haute fonction gouvernementale du  27 septembre 1989 au 17 novembre 1999.
  • Mohammed Ghannouchi, né le 18 août 1941 à Sousse, battra le record absolu de longévité en tant que Premier Ministre, de la Tunisie indépendante, puisqu’il règnera plus de 11 ans, du  17 novembre 1999 au 27 février 2011.

Les choix d’Ennahdha
On notera qu’Ennahdha, le parti qui a remporté le meilleur score aux élections du 23 octobre 2011, ne comptait en cette période, dans son bureau exécutif, que deux membres originaires du Sahel sur quatorze : Ajmi Lourimi et Hamadi Jebali, né le 13 août 1949 à Sousse. Et c’est justement ce dernier qui sera choisi pour occuper les fonctions les plus importantes dans une Tunisie qui a basculé vers un régime à dominante parlementaire.

Il aura fallu attendre l’assassinat du martyr Chokri Belaid (né en 1964 à Djebel Jelloud, une banlieue défavorisée de Tunis), pour que la Tunisie connaisse, le 13 mars 2013, et pour la première fois de son histoire, un chef de gouvernement qui ne soit originaire ni du Sahel, ni de la capitale : Ali Laâridh, né en 1955 à Médenine, au sud du pays. Mais l’intermède aura été de courte durée. Voici que la nomination de Mehdi Jomâa, annonce le retour à la normale régionale.

Oualid Chine

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