Mardi, 21 Février 2012 21:40

choghl-horryaEl Kasbah 4. Le mot d’ordre est lancé. Pour en finir avec la police médiatique. Pour que justice soit faite. Les déclarations incendiaires éclosent comme autant de feux d'artifices. Mettant en cause le procès encore une fois ajourné des assassins des martyrs, l’avilissement des Tunisiens devant les Saoudiens, l’assainissement des médias toujours pas d’actualité. Dans un contexte social marqué par l’inflation galopante, et la misère rampante.

Comme sous le gouvernement de Ghannouchi, puis sous Caid Essebsi, pour la troisième édition (réprimée) d’El Kasbah, ce sont une fois de plus quelques militants du Congrès pour la République, auxquels se sont joints des sympathisants d’Ennahdha, paradoxalement guère satisfaits de la performance gouvernementale. Et l’extrême-gauche révolutionnaire elle-même ne semble pas insensible aux sirènes de la contestation. Les réseaux sociaux sont une nouvelle fois mis à contribution.

C’est que la pilule saoudienne a été particulièrement difficile à avaler. Déclarer que «ramener Ben Ali n’est pas une priorité» est tout de même fort de café. Une amertume soulignée par l’humilité du premier ministre face aux Al Saoud. Le gouvernement tunisien issu des urnes, et qui ne s’est retrouvé au pouvoir que par le sacrifice ultime de nos martyrs, en vient à quémander. Un affront difficile à supporter pour le peuple qui a accompli la première Révolution Arabe. Et ce ne sera d’ailleurs pas le seul outrage commis à l’encontre de la mémoire des martyrs, puisque le procès de leurs assassins, dont certains sont en liberté, a été, le 20 février, une nouvelle fois reporté par le Tribunal militaire. Les plus mortifiés iront même crier leur rage et leur rancœur sur le sol algérien.

kasbah 4Les médias sont une fois de plus visés par les critiques. Et pour cause. Le secteur reste dominé par les barons du benalisme. Ceux qui ont désinformé, intoxiqué, rapporté, soutenu la dictature. La dernière ode au 7 novembre chantée à la télévision sur la chaîne Al Watnaya souligne l’étendue des dégâts, et tout ce qu’il reste à faire pour réparer les séquelles. Le problème ? C’est que même Ennahdha ne semble pas réellement désireuse de toucher sérieusement à l’édifice. Et même quand elle a pris l’initiative, comme en janvier dernier, c’était pour replacer quelques journalistes connus pour leur allégeance mauve, à la tête d’institutions publiques. Couac retentissant ? Erreur sur les personnes ? Aucune de ces justifications n’excusera une erreur qui décrédibilisera durablement la volonté du mouvement d’inspiration islamique de débarrasser le paysage médiatique des taches mauves. Et voici que le même scénario semble se répéter avec la mise à l’écart d’Elyes Gharbi. Pendant ce temps, la liste noire des journalistes corrompus et rompus aux procédés de la police politique tarde à venir. Mais le peuple n’en a cure de ces calculs de politicards. Est-il normal d’entendre encore des hymnes à Ben Ali, une année après la Révolution ? La police médiatique et ses officiers déplumés peuvent-ils prétendre continuer à nous matraquer plus d’une année après le 14 janvier ?

Le dispositif sécuritaire, qui a constitué le bouclier et le glaive de la dictature allait être nettoyé, nous a-t-on promis. A cet égard, Ali Laâridh a suscité quelques espoirs, quand il a pris l’initiative de déboulonner quelques symboles de la répression. Le ministre de l’Intérieur a du reste bénéficié d’un soutien qui ne s’est pas limité au camp Nahdhaoui. L’objectivité du ministre, ses positions courageuses sur des questions brûlantes comme le terrorisme, son opinion tranchée sur la question du niqab ont donné aux Tunisiens des raisons d’espérer.  Même si visiblement, le système sécuritaire est récalcitrant, et tend à se dérober aux ambitions ministérielles.

A contrario, l’appareil Nahdhaoui en vient à condamner une grève d’agents municipaux, et s’en prendre au syndicat sur une initiative que bon nombre de Tunisiens jugent légitimes. Une manœuvre que d’aucuns jugeront comme une tentative de détourner l’attention des Tunisiens des problèmes sociaux. Il s’agit donc de trouver un bouc émissaire, histoire de le charger des péchés  capitaux.

Autant d’ingrédients réunis, qui rendent la poussée vers El Kasbah 4 presque inexorable. Les signaux se multiplient. Les feux rouges clignotent.

Marwene El Gabsi

En attendant El Kasbah 4 ?
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