Vendredi, 15 Juin 2012 18:59

martyrs-tunisieLe verdict du tribunal militaire du Kef annoncé le 13 juin, dans le procès des assassins des martyrs de la Révolution a soulevé un vent de colère dans les régions de Kasserine, et de Thala, les zones qui ont payé le tribut le plus lourd pour la chute de Ben Ali. Selon les familles des martyrs, tous les coupables n’ont pas tous écopé des peines méritées.

A croire ceux qui ont perdu leur enfants dans ce combat pour la liberté, des coupables ont été innocentés. Or si ce qui est passé au tribunal a capté l’attention des Tunisiens pour l’importance de ses enjeux sous-jacents, il n’en reste pas moins que la justice peut paraître particulièrement laxiste envers les puissants d’hier.

Durant des décennies, la loi a été déjouée, dribblée, violée, remodelée, selon les besoins du moment. Les affairistes, la classe parasitaire qui s’est constituée lors des années Ben Ali a profité d’un système conçu pour répondre à ses besoins. La constitution elle-même a été rafistolée, réajustée, en fonction des intérêts du prince, qui est allé jusqu’à y notifier ses désirs d’immunité pour lui et sa descendance, même après sa mort.

Les plus grands voleurs sont donc apparus aussi innocents que l’agneau qui vient de naître au regard d’une loi faite sur mesure. A-t-on réellement besoin de contrevenir à ses prescriptions quand la justice est aux ordres ?  S’attacher au strict respect des lois qui datent de la Tunisie d’avant la Révolution serait-il réellement conforme à la Justice ? Le strict respect des lois dépassées ne peut-il pas permettre d’innocenter tout bonnement les coupables de connivence, et de crimes contre les Tunisiens? Est-ce l’image de la Justice que nous voulons donner dans la Tunisie d’après le 14 Janvier ?

martyrs tunisieCertains relèveront qu’une justice révolutionnaire serait une réminiscence de la tyrannie, puisque elle risque de s’abattre arbitrairement sur des «innocents». Des «innocents» dont l’historique témoigne pourtant de leur implication dans les crimes économiques et de sang, véritables marques de fabrique de la dictature. Ces hommes et femmes encore dotés d’un bulletin numéro trois étincelant, ont notoirement mis à sac la Tunisie. Sur les terrains médiatiques, touristiques, sécuritaire, bancaires. Des licences, des autorisations d’exploitations de sociétés qui n’étaient attribuées  qu’à la garde rapprochée du régime continuent aujourd’hui de profiter aux alliés des Ben Ali-Trabelsi.

Alors que la rue est en effervescence. Alors que le couvre-feu est de nouveau proclamé, une étincelle suffirait à enflammer de nouveau des zones où la braise continue de couver sous la cendre. Aux dernières nouvelles, la fameuse liste des 470 hommes d’affaires interdits de voyager serait entachée d’erreurs. Mieux : il n’y aurait en réalité que 80 «businessmen» réellement coincés en Tunisie. Ces révélations ont été faites par le quotidien Assabah, dans son édition du jeudi 24 mai. Alors que les rescapés du Benalisme nous font miroiter l’étendue de la catastrophe économique nationale qu’engendre leur blocage. Entendez par là qu’il faudrait les relâcher dans la nature, pour «sauver» la Tunisie.

Entretemps, les nostalgique de la dictature ont repris du poil de la bête, et ont même fait tomber les masques, puisque certains d’entre eux appellent désormais publiquement de leurs vœux, un coup d’Etat, pour tuer ce qu’il reste des rêves portés par la Révolution. Et à l’heure où nous écrivons ces lignes, nul n’a pourtant songé à les trainer devant les tribunaux. N’y aurait-il que les ennemis de la Révolution à être ainsi acquittés ?

Oualid Chine

Tunisie : Pas de Justice pour les martyrs de la Révolution
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