Mercredi, 20 Juin 2012 16:16

revolution-demodee tunisie«Les gens en ont marre de la Révolution. Faut varier un peu les sujets». Un conseil «d’ami» prodigué d’une voix douce par un commercial en costard impeccable. En d’autres termes, il faudrait oublier les blessés, accorder moins d’attention aux procès, zapper les grèves de la faim, et tout le tintouin.

Se focaliser sur d’autres sujets. Evoquer les smartphones et les nouvelles bagnoles japonaises importés, les prouesses de nos opérateurs téléphoniques, la bière qui engloutit de nouvelles parts de marché. Pour susciter l’intérêt des marques de boissons gazeuses, il ne faudrait surtout pas s’attarder sur l’eau dans le gaz.

Le commercial très au fait des tendances du moment, ne peut avoir tort. Il s’y connait. La presse de caniveau ébranlée dans un premier temps a repris ses vieilles habitudes. C’est à peine si elle a changé de cible, en girouette docile, à l’écoute des besoins du «bon» client.

Les partis politiques, au diapason de leur électorat, l’ont d’ailleurs aussi vite compris. Béji Caid Essebsi, après avoir été le ministre de l’Intérieur de Bourguiba, président de l’Assemblée Nationale et ambassadeur  sous l’ère de Ben Ali, lance son propre parti pompeusement baptisé «L’Appel de la Tunisie». Il se propose de relancer les «propres» du RCD, et accessoirement quelques ministres du dictateur déchu dans la course. Et voici que la «gauche», et même les prétendus ex-communistes s’allient à la nouvelle papauté tunisienne de la «modernité».

burkini tunisieDe son côté, Ennahdha n’a pas attendu ce coup de semonce du noble descendant des Mamelouks pour faire la cour aux mauves, histoire de rassurer les puissants. Dans la course aux élections, elle aura publiquement fait des appels du pied aux RCDistes «innocents», sans se priver des services des hommes d’affaires toujours désireux de miser sur le cheval gagnant.

Les salafistes sont plus clairs et n’ont que faire du développement économique et social et des régions. Pour eux, le seul mérite de la Révolution, c’est de les avoir libérés de prison, pour relancer le débat sur les mérites respectifs du burkini et du bikini. Eté oblige.

Le Congrès pour la République, prompt à dénoncer la police politique et les manipulations avant les élections s’est assagi. Ses plus féroces contempteurs diront même qu’il s’est avachi depuis qu’il gesticule  sur le trône branlant de Carthage. Du côté du grand public, le big business corrompu, l’argent politique, ne font plus recettes. Il faudra donc changer de décor, et de mise en scène, compter sur la complicité de quelque chaîne de télé «retournée».

Les blessés de la Révolution qui ont survécu aux balles des flics de Ben Ali peuvent se faire tabasser, ou même se suicider. Les plus révoltés pourront même aller se faire pendre sur la clôture de l’Assemblée, sous les yeux indifférents des députés et des passants. Circulez, il n’y a rien à voir.

Après l’intermède de l’été dernier, le Festival de Carthage relance les chanteurs de charme, les starlettes. Les chaînes télé préparent les feuilletons pour Ramadan, les épines du cactus ont vite repoussé. Les nostalgiques enfarinés du Benalisme ne se privent plus de regretter publiquement et impunément les bienfaits de l’Ancien Régime bananier. La Révolution ? C’est démodé.

Oualid Chine

Tunisie : La Révolution est démodée
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