Samedi, 01 Décembre 2012 16:24

marzoukiLe président de la République Moncef Marzouki a appelé, dans son allocution du vendredi 30 novembre, à la formation d'un «gouvernement plus restreint», et «qui soit fondé sur la compétence et non selon les appartenances aux partis politiques». Marzouki a souligné que «les attentes sont très grandes face à un rendement insuffisant du gouvernement en dépit des efforts fournis».

Marzouki a d’emblée déclaré «comprendre les revendications de ces régions déshéritées», et «vivement regretter les violences». Le président de la République a donc clairement pris ses distances vis-à- vis du discours du chef du gouvernement Hamadi Jebali, qui a préféré, pour sa part, rejeter la responsabilité des violences de Siliana sur de mystérieuses parties qu’il a préféré ne pas nommément désigner.

Marzouki, lui, pointe du doigt le gouvernement, et déclare également «assumer ses responsabilités» même s’il rappelle qu’il est «normal, en situation révolutionnaire, que certains puissent exploiter le cours des événements». Le président de la République a martelé que «les symboles de la corruption n’ont pas été jugés, et les citoyens sont surpris de voir de pauvres gens passer devant les tribunaux». Le ton est donc donné, Marzouki a fait mine de ruer dans les brancards, en prenant ses distances d’Ennahdha. Et les réactions ne se sont pas fait attendre.

Le porte-parole du gouvernement, M. Samir Dilou, qui est aussi (accessoirement) le ministre de la Justice transitionnelle et des Droits de l’Homme, a fait remarquer samedi  que le discours présidentiel  «comporte plusieurs points importants et dangereux qui seront discutés au sein du gouvernement dans les prochaines heures». Dangereux ? Pour Ennahdha certainement.

L’UGTT enfonce le clou
D’autant plus que l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), accusée de tous les maux par le parti de Ghannouchi, a favorablement accueilli la proposition du président Moncef Marzouki, sur la formation d'un gouvernement de compétences. A cet égard, le secrétaire général de l’UGTT, Houcine Abbassi, a considéré le discours de Marzouki comme «fédérateur», soulignant que  «la Tunisie a besoin d'une union sacrée pour trouver une solution à l'ensemble des différends». M. Abbassi n’allait pas rater ici l’occasion de remonter les bretelles de ceux qui ont refusé de prendre part à l'initiative de l'UGTT.

Ettakatol  s’engouffre dans la brèche
La proposition de Marzouki trouve même un appui au cœur de la Troïka, puisque le porte-parole d'Ettakatol, Mohamed Bennour, a déclaré ce samedi 1er décembre sur Shems FM, que «le président de la République est apparu comme un homme responsable, rejetant ce qui s'est passé dans le gouvernorat de Siliana». M. Mohamed Bennour a profité de l’occasion pour exhorter «l'ensemble des parties à revoir leurs calculs et à placer l'intérêt du pays et des citoyens au-dessus de toute considération». Ettakatol, très discret jusqu’ici, semble donc s’engouffrer dans la brèche ouverte par Marzouki.

L’accueil favorable de l’opposition
Hamma Hammami, secrétaire général du Parti des Travailleurs et porte-parole du Front populaire considère quant à lui que ce discours «entérine le délitement de la Troïka, et marque l’incapacité du gouvernement à répondre aux revendications du peuple». M. Hammami se montrera toutefois favorable à un gouvernement restreint rassemblant les compétences nationales. Quant au leader du part Al Jomhouri, s’il déclare d’avance la non-participation de son parti à cet éventuel gouvernement à venir, il affirme cependant qu’il considère «le fond du discours de Marzouki comme positif». Même son de cloche à peu de chose près du côté de Nida Tounes, avec un Lazhar Akremi qui affirme «noter une évolution remarquable dans le discours du président de la République», mettant en exergue «un certain échec du gouvernement».

En clair, toutes les principales forces politiques de la Tunisie ont réservé un accueil plutôt favorable au discours prononcé vendredi par Marzouki. Ce qui resserre davantage l’étau de l’isolement sur Ennahdha, qui s’est attribuée les plus importants portefeuilles ministériels du gouvernement. Et voici que ses principaux partenaires se retournent contre la formation de Rached Ghannouchi, qui n’a pas particulièrement brillé par son esprit de conciliation. La rupture parait donc définitivement consommée. 

Et au début de l’après-midi de ce samedi 1er décembre, le chef du Gouvernement, Hamadi Jebali déclare, «qu'il ne s'opposerait pas à la formation d'un gouvernement restreint de compétences». Mais avait-il vraiment un autre choix, après la diffusion, à l’échelle mondiale des images exposant des Tunisiens criblés de plomb, et aux yeux crevés par la police, à Siliana ?

Moez El Kahlaoui

Tunisie: Marzouki coince Ennahdha
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