Vendredi, 08 Mars 2013 11:40

femme-tunisienneAlors que le monde entier célèbre, en ce vendredi 8 mars, la journée internationale de la Femme, des activistes de la cause féminine tunisienne tirent la sonnette d’alarme. Jusqu’ici, la Tunisie a été le seul pays arabe ou musulman à avoir institué, sous l'ère de Bourguiba, les droits de la femme dans la Constitution, et à avoir aboli la polygamie. Ce statut qui faisait de la Tunisie un îlot de modernité serait-il aujourd’hui menacé ?

 «Les risques d'une régression des acquis de la femme sont possibles vue l'ambiguïté de l'article 148 du projet de la Constitution, qui affirme que l'Islam est la religion de l'Etat» affirme Mme Monia Ben Jemiaa, juriste, universitaire et membre de l'Association Tunisienne des Femmes Démocrates. Selon elle, « l'interprétation de cet article peut renvoyer à la chariâa comme constante de l'islam et par conséquent ouvrir peut-être la voie à la polygamie, la répudiation et la diminution de l'âge du mariage. Le texte risque d'être par conséquent en contradiction avec les acquis de la femme».

femme de Tunisie

Sihem Badi, la ministre des affaires de la femme et de la famille, ne contribue pas à apaiser, elle non plus ces inquiétudes. Elle a ainsi déclaré, alors qu’elle donnait le coup d'envoi aux festivités marquant la célébration de la journée internationale de la femme, le mercredi 6 mars, que «les acquis de la femme tunisienne sont aujourd'hui réellement menacés par des projets extrémistes».

« Les femmes Tunisiennes qui militaient auparavant pour promouvoir les droits de la femme, s'accrochent actuellement aux anciens acquis», regrette de son coté Mme Monia Ben Jemiaa, de l’ATFD. Mais du côté d’Ennahdha, on ne l’entend pas de la même oreille.

Des acquis vraiment irréversibles ?
«Les acquis réalisés pour la femme Tunisienne seront confortés dans la nouvelle constitution» assure Mme Farida Laabidi, députée Nahdhaouie à l'Assemblée Nationale Constituante, présidente de la commission des droits et des libertés. Et pour Mme Laabidi, «les articles 5, 7 et 37 du projet de la Constitution affirment l'égalité des citoyens en droits et en devoirs».

femme de Tunisie

Pour rappel, l’article 5 stipule que « tous les citoyens, hommes et femmes, ont les mêmes droits et les mêmes devoirs. Ils sont égaux devant la loi sans aucune discrimination» ; l'article 7 affirme que «l'Etat garantit les droits de la femme et appuie ses acquis» et l'article 37 déclare que «L'Etat garantit l'égalité des chances entre la femme et l'homme pour assumer les différentes responsabilités», précisant que «L'Etat garantit l'élimination de toutes les formes de violence à l'égard de la femme».

La députée précise : «le Code du statut personnel ne sera pas amendé et la nouvelle Constitution viendra plutôt renforcer ce contenu. Il n'y a aucun risque de régression dans les acquis de la femme». Sauf que la parlementaire ne se prononce pas sur la nature des garanties qui seront adoptés en vue de protéger les acquis de la femme Tunisienne.

Or pour la juriste et universitaire Hafidha Chekir, «la nouvelle Constitution doit garantir les libertés fondamentales et les droits humains des femmes dans leur universalité, leur globalité et leur indivisibilité».

Et au-delà des considérations strictement constitutionnelles et juridiques, c’est toute une atmosphère que mettent en cause les militantes féministes. Un environnement désormais marqué par l’implication croissante des groupes extrémistes qui puisent leur inspiration dans les modèles de société du Golfe Arabe, et qui revendiquent ouvertement la relégation des Femmes Tunisiennes au second plan. Mais pourront-ils venir à bout de la résistance acharnée des Femmes Tunisiennes aguerries par combat en première ligne contre la dictature, et plus mobilisées que jamais ? Rien n’est moins sûr. Bien d'autres s'y sont cassés les dents.

Synth. Soufia B. A

Menaces sur le statut de la Femme Tunisienne ?
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